mardi 17 septembre 2013

Les chemins du pardon

Les 7 étapes du pardon

Faut-il pardonner à ceux qui nous ont blessés ?
Le pardon implique un cheminement intérieur long, difficile, dur à parcourir. 
A quoi sert-il ? Le pardon sert à se libérer soi-même. S’il est difficile à accorder, lors d’actes de blessure profonde, il est indispensable pour continuer sa vie sereinement.
Le processus progresse en partie à notre insu. Sa réussite dépend moins de l’outrage subi que de la façon dont nous l’avons vécu. 

Haine, colère et frustration

La colère est une demande de changement. «C’est un signal qu’il faut écouter. Elle nous dit qu’on nous fait du mal, qu’on viole nos droits, que nos besoins et nos désirs ne sont pas satisfaits, ou tout simplement que quelque chose ne va pas», écrit Harriet Goldhor Lerner, psychologue, dans Le pouvoir créateur de la colère (Le Jour, 1994). La colère nous avertit que nous faisons face à un problème émotionnel non résolu ou que nous investissons trop de nous-même dans une relation. Elle peut aussi nous mettre en garde contre le fait que quelque chose nous empêche de nous épanouir et de parvenir à maturité. La colère est une émotion simple qui traduit l'insatisfaction.
Elle est vécue à l'égard de ce qu'on identifie, à tort ou à raison, comme étant «responsable» de notre frustration. La colère se différencie fondamentalement de la tristesse (qui elle aussi traduit une frustration).
Dans la tristesse, on est directement en contact avec le manque lui-même, alors que la colère est une réaction à la cause de la frustration.
Selon l'importance de l'insatisfaction, la colère prend différentes intensités:  
La rage, par exemple, est déclenchée en partie par l'impuissance à se soustraire à la situation non désirée.
La révolte est spécifique aux situations où on perçoit une injustice.
Plusieurs émotions traduisant de la colère sont composites, comme le mépris, la jalousie, le dépit, la rancune...

La colère surgit lorsque l'équilibre est rompu dans un aspect de notre vie.
Le déséquilibre prend la forme générale d'une insatisfaction.
La colère porte un double message: elle signale à la fois l'insatisfaction et
ce que nous considérons comme «l'obstacle» à notre bien-être. En effet, elle est toujours vécue à l'égard de quelqu'un ou de quelque chose.
La colère déclenche une mobilisation de l'organisme entier.
L'esprit est concentré sur le problème (plus particulièrement sur l'obstacle).
Plusieurs réactions physiologiques sont déclenchées et sont particulièrement visibles lorsque la colère est intense. L'expression "la moutarde me monte au nez" traduit bien la sensation physique que
produit le début de cette mobilisation physiologique.
Comme toutes les émotions, la colère est une saine manifestation d'insatisfaction. 

La frustration est un état mental caractérisé par un déséquilibre entre une attente et sa réalisation.
Frustration = accumulation d’incohérences
Rage = irritation suite à un manque de patience et d’intolérance
Dégoût = antipathie face à une situation
Écœurement = fatigue suite à de vains efforts
Antipathie = ne rejoint pas nos valeurs profondes
Déception = désillusion
Attentes = espoirs inachevés ou impossibilité d’atteindre nos objectifs

Les raisons de la colère :
Un écœurement
Un manque d’écoute
Un manque de communication
A la fois, signal d'alarme et limite à respecter, elle
indique une demande de changement
Une raison profonde d’un mécontentement
Une situation injuste
On abuse de vous
Bouillonnement en silence qui dure depuis trop longtemps
Un manque flagrant de respect
Quelque chose qui touche notre dignité

Tout commence par des attentes non répondues
Questionnement légitime se manifeste
Une analyse trop rationnelle est provoquée
Un jugement s’installe
Des décisions non réfléchies sont posées
Incapable d’accepter la situation l’ego s’en mêle
La paranoïa s’installe
Les bouleversements émotionnels se manifestent.  Les malaises, les inconforts et des maladies peuvent surgir
La charge émotive est parfois trop difficile à guérir
On ne pardonne pas et on se pardonne encore moins

Décider de ne plus souffrir
Pour qu’il y ait pardon il faut tout d’abord qu’il ait cessation de l’offense, faute de quoi aucun processus de pardon ne peut s’enclencher. Mais comment y mettre un terme ?
La première étape consiste donc à décider de ne plus souffrir, à se mettre hors de portée de la violence subie.
Par exemple en mettant de la distance entre soi et le/la responsable de sa douleur. Dans les cas particulièrement graves, lorsque notre intégrité physique ou psychique est en jeu, la plainte déposée en justice peut être le seul moyen de franchir cette première étape et de mettre le coupable face à ses responsabilités.
« On ne peut pardonner que ce que l’on peut punir » Simone Weil.

Reconnaître que la faute existe
Inutile de chercher à oublier l’offense. Le passé ne s’efface pas. Ce mécanisme de défense enfouit la souffrance, la haine et la rancœur quelque part dans l’inconscient, où leur force destructrice continue d’opérer avec encore plus de violence. Reconnaître l’agresseur comme coupable d’une faute, c’est d’abord une nécessité pour soi, pour vivre.
Cela permet de « retourner la culpabilité à l’agresseur et, ainsi, de renouer un lien avec soi-même ». Cela pourra aussi nous éviter de développer des maladies psychosomatiques, ou des conduites d’échecs professionnels et affectifs à répétition.


Exprimer sa colère
Pour pardonner, la victime doit en vouloir à son « bourreau », c’est-à-dire reconnaître sa propre souffrance et accepter qu’elle « sorte ». Agressivité, colère, voire haine sont utiles dans un premier temps. Elles sont signe de bonne santé psychique, signe que la victime n’est pas dans le déni et ne porte pas la faute de l’agresseur sur elle. Comme l’explique Gabrielle Rubin, « la haine est un sentiment très violent, que l’on ne peut pas faire disparaître. Si l’on n’est pas capable de la retourner contre son agresseur, on la dirige nécessairement contre soi », au risque de déclencher un processus d’autodestruction. 
Exprimer directement sa colère, sa haine ou ses reproches à son agresseur est rarement envisageable : le coupable peut ne pas se reconnaître comme tel, ou exercer une emprise trop forte sur la victime pour qu’elle ose l’affronter. Il est quand même possible de faire un travail de détachement en soi : écrire dans un cahier tout ce qui nous anime, s’ouvrir à une personne de confiance ou encore consulter un psychothérapeute si la situation est trop douloureuse.

Cesser de se sentir coupable
La plupart des victimes se sentent paradoxalement coupables de ce qui leur est arrivé.

Comprendre celui qui nous a blessé
Le philosophe P.Ricœur appelait ainsi à « ne pas limiter un homme à ses actes, aussi monstrueux soient-ils ».
Haine et ressentiment peuvent aider à survivre à une agression, mais à long terme, ils nous détruisent.


Prendre son temps


Redevenir acteur de sa vie

Pour Nicole Fabre, « pardonner, c’est s’agrandir, c’est laisser en soi la place pour accueillir l’autre. Le vrai chemin de la libération, c’est de franchir le pas qui permet d’aller au-delà du pardon ».

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