mercredi 29 octobre 2014

Il suffit de s'asseoir



Résister aux effets pervers de la dévalorisation


Tant que je me compare aux autres, je ne peux trouver la paix.  Je ne peux que me dévaloriser ou dévaloriser les autres – Khalil Gibran
Nos peurs, craintes et complexes découlent bien souvent de l’éducation que nous ont donnés nos parents. De la façon dont ils nous ont aimé, accueilli et valorisé, ainsi que la façon dont ils se considéraient eux-mêmes (il nous sera plus difficile de penser que nous avons une certaine valeur si nos parents sont persuadés qu’ils n’en ont pas).
Quelques petites phrases assassines entendues dans notre enfance nous ont marqué au fer rouge : « Tu n’arriveras jamais à rien » ou « tu n’es bon à rien » sont bien souvent des mots qui nous suivent toute notre vie. Par la suite, s’ajoute le regard des professeurs à notre égard, des "amis" et de la société en général. Bien entendu, ce n’est pas une raison d’abreuver notre enfant de compliments exagérés tels que « tu es meilleur que les autres, plus intelligent et plus beau », la réalité de la vie lui renverrait en pleine figure, qu’il n’est ni le plus perspicace, ni le plus extraordinaire. Vous prenez le risque de le faire osciller entre orgueil, voire vanité, et mauvaise estime de soi.
L’image que nous avons de nous-même est souvent fausse, nos complexes d’infériorité ne sont pas une réalité. Nous avons un regard très dur et bien peu objectif vis-à-vis de notre personne, regard bien différent de celui que portent les autres à notre encontre. Nous nous imaginons empreints de défauts « trop gros, trop petit, pas assez instruit… ». Notre dialogue intérieur s’en donne à cœur joie, à force de nous auto-critiquer nous imaginons que notre entourage pense la même chose à notre sujet. Nous voyons les autres plus compétents, plus beaux et intelligents que nous et nos semblables s’imaginent également que nous sommes meilleurs qu’eux ! Au final, chacun de nous se persuade qu’autrui vaux bien mieux que soi-même.
Pour être respecté et apprécié des autres, nous devons, en priorité, nous respecter et nous apprécier nous-même, apprendre à gérer cette peur de déplaire ou de mal faire. Nous avons tous des complexes qui nous gâchent la vie : un nez trop aquilin, quelques kilos en trop, des difficulté à s’affirmer, à parler en public…Or, il est nécessaire à notre bien-être de reprendre confiance en soi, en notre valeur. Une confiance qui ne soit ni trop hésitante ou fragile, ni trop hautaine et méprisante. Respectons également les autres et nous nous apercevrons que le respect est contagieux, prenons leur défense quand quelqu’un d’autre manque de considération à leur égard. Celui ou celle qui respecte autrui se respecte lui-même. N’hésitons pas à faire des compliments autour de nous, compliments sincères cela va de soi. Pointons du doigt leurs réussites, reconnaissons leurs compétences, faisons-leur part de nos observations. Valoriser autrui c’est se valoriser soi-même.
Gardons à l’esprit que le sentiment de dévalorisation vient du fait que nous avons la sensation de manquer de reconnaissance. Si nous en distribuons autour de nous, nous constaterons rapidement un effet boomerang de notre bienveillance et recevrons en retour de la reconnaissance de la part des autres, reconnaissance qui « boostera » notre confiance en nous.
Quelques pistes pour vous aider à lutter contre le sentiment de dévalorisation :
-       Cessez de vous comparer aux autres, chacun de nous est un être unique, ne l’oubliez pas. Tout être humain possède des défauts et des qualités, la perfection n’est pas de ce monde. Il existe probablement un domaine dans lequel vous excellez, reconnectez-vous à vos qualités et à vos succès antérieurs. Faites-en une liste et relisez-la régulièrement. Gardez en mémoire que tout être humain éprouve des difficultés dans un domaine de vie : untel cuisinera moins bien qu’un grand chef cuisinier, un autre ne résoudra pas un problème mathématique aussi vite qu’un scientifique, ou ne maîtrisera pas la conduite d’un véhicule autant qu’un coureur automobile. Même les plus talentueux d’entre nous éprouvent des difficultés dans certains domaines. Chacun de vous possédez des compétences que d’autres n’ont pas, vous n’êtes ni supérieur, ni inférieur, vous êtes juste Vous.
-       Rester dans votre zone de confort ne vous permettra pas de sortir du schéma de dévalorisation. Vous échafaudez des scénarios sur ce que vont penser les autres de votre savoir-faire ou savoir-être. Et si vous décidiez d’en parler à votre entourage ? Osez aborder le problème de fond en demandant l’avis d’autrui. Agissez ne restez pas dans l’inertie.
-       Entretenez une attitude positive, mettez toute votre énergie à atteindre votre objectif. Quel qu’il soit – prendre des cours de cuisine afin d‘épater vos futurs convives, apprendre une nouvelle langue pour être à la hauteur du poste que vous convoitez – soyez convaincu que vous y arriverez et que cela permettra d’augmenter votre confiance en vous.
-       Acceptez l’échec. Plutôt que le considérer comme une erreur insurmontable, considérez-le comme une expérience. Qui n’a pas connu d’échec avant de connaître la réussite ?
-       Admettez que les autres ont, à notre égard, un regard davantage plus amical et indulgent que nous-même. Acceptez les compliments qui vous sont exprimés par votre entourage, ne faites pas de fausse modestie, reconnaissez votre valeur et votre talent. Et si l’on ne vous en fait pas, allez les chercher (que penses-tu de mon élocution lors du séminaire d’hier ? ).
A vos carnets :
Dans quelle situation vous dévalorisez-vous le plus souvent ?
Dans quelle situation vous sentez-vous valorisé ?
Si vous avez tendance à vous dévaloriser que ce passera-t-il si vous mettez en place les pistes citées ci-dessus ?
Que la Joie, le Bonheur et l’Abondance vous entourent !

mardi 28 octobre 2014

HYPNOSE ET SOPHROLOGIE: un peu d'histoire

HYPNOSE ET SOPHROLOGIE
Médecines naturelles, douces et traditionnelles

On peut dire de l'hypnose que, à l'instar de la plupart des médecines douces, elle puise ses origines dans des millénaires de pratiques en Orient. Plutôt issue des techniques de méditation orientales comme la relaxation et le yoga, l'hypnose ne connaît une crédibilité scientifique qu'au cours du 18e siècle, par le biais des découvertes sur le magnétisme animal que fait Franz Anton Mesmer (1734-1815).

Lui succède alors un autre chercheur, un prêtre, l'Abbé Faria (1750-1818). Celui-là même qui inspire à Dumas le personnage dans son roman Le Comte de Monte-Cristo, un homme particulièrement charismatique qui magnétise ses sujets en leur ordonnant tout simplement : DORMEZ ! Faria prône la théorie selon laquelle le sommeil magnétique est le fait du patient lui-même, sur une base volontaire, tandis que le magnétiseur n'en est que le fait déclencheur.
Vient ensuite le marquis de Puységur (1751-1825), un original, qui possède un cabinet de physique et passe des heures entières à magnétiser les paysans de son entourage. Il découvre alors avec l'un de ses patients la possibilité de pratiquer sous éveil. Le patient reste lucide et obéit aux consignes du magnétiseur tout en étant sous une sorte d'effet de transe. Grâce à ce constat, Puységur peut donc jeter sur papier une méthode de suggestivité thérapeutique tributaire de la volonté de l'opérant. Puységur gagne ainsi le titre de fondateur de la doctrine du magnétisme.
Pendule et hypnoseC'est toutefois au Britannique James Braid (1795-1860) que l'on doit l'avancée du pendule afin de plonger le patient dans un état de sommeil artificiel. On ne parle plus alors de magnétisme mais d'hypnose. Le sommeil est dès lors provoqué, dirigé, encadré. Il ne s'agit plus d'un pouvoir exercé sur un sujet mais d'un savoir élaboré en processus curatif. À l'aide d'un pendule, du doigt ou d'un quelconque objet brillant, on plonge l'individu dans une transe hypnotique afin de lui suggérer verbalement une prise de conscience du problème ou du mal qui l'habite et ensuite, de le convaincre d'une solution à son avantage.

En 1960, l'hypnose qui jusque là a connu tous les discrédits possibles, se refait une réputation grâce au docteur colombien Alphonso Caycedo. La nouvelle doctrine qui s'appuie sur des théories empruntant au yoga, aux techniques de méditation des arts martiaux, à la visualisation intérieure des méthodes de relaxation, se veut " une étude des états modifiés de conscience ". Caycedo lui donne le nom de Sophrologie : de l'ancien grec : SOS (paix, harmonie, sérénité), PHREN (esprit, conscience, cerveau) et LOGOS (discours, science, étude). Elle est fondée sur trois principes : la corporalité (prise de conscience de soi en tant qu'entité corporelle), la réalité objective (le rapport de soi au monde extérieur et aux autres) ainsi que l'action positive (renforcement du positif en soi et réhabilitation de ce qui ne l'est plus).



HYPNOSE ET SOPHROLOGIE (2/3)
Médecines naturelles, douces et traditionnelles


Sophrologie, hypnose et relaxationSophrologie et hypnose se pratiquent aujourd'hui pour vous libérer de maux autant sur le plan psychologique que physique. Les personnes qui consultent souffrent en général de troubles divers tels que l'anxiété chronique, les dépressions, le manque de confiance en soi, les obsessions et névroses de toutes sortes, les phobies de toutes sortes, le stress, les traumatismes, la tristesse chronique, les troubles du sommeil. D'autres consultent aussi avec comme objectif de se soustraire à des dépendances comme l'alcool, les drogues, le tabac, etc. Il n'est pas rare non plus de recourir à un sophrologue ou un hypnotiseur dans les cas de deuil afin de surmonter sa peine ou sa dépendance envers la personne défunte.

L'une des pratiques les plus couramment proposée est l'hypno-relaxation. Il s'agit de provoquer en vous un état de conscience modifiée qui ouvre un accès direct à votre inconscient et vous ramène doucement dans les méandres de votre passé, vous permettant de rétrograder jusqu'à un stade fœtal. La technique a pour but de vous mettre en rapport avec un refoulé que vous n'avez pu exprimer à un moment précis. Ce refoulé peut être en partie responsable de vos maux actuels, il est donc nécessaire de l'identifier puis de l'exprimer.



HYPNOSE ET SOPHROLOGIE (3/3)
Médecines naturelles, douces et traditionnelles

C'est une sorte de psychanalyse active si l'on veut, une façon. Donc une invitation à la prise de conscience et au passage à l'acte ensuite. L'enfant que vous étiez a pu mettre en place des mécanismes de défense afin de se protéger de situations extérieures agressives. Mais ces systèmes de défense étant profondément enfouis dans votre inconscient, l'hypno-relaxation vous aide à les ramener à la surface pour une compréhension adaptée à votre vie d'adulte, ce qui vous donne un moyen de réagir en harmonie avec vos possibilités actuelles.






Stopper le récit de la répétition


dimanche 12 octobre 2014

Interactions entre Hypnose et Sophrologie

Dr Yvan Carapina, Médecin Urgentiste, Hypnothérapeute, Sophrologue.

Interactions entre Hypnose et Sophrologie
Médecin ins­tallé sur Bayonne depuis 2003, j’exer­çais prin­ci­pa­le­ment dans le domaine de l’urgence : SAMU, Urgence hos­pi­ta­lière, puis à SOS méde­cin, une méde­cine spé­cia­li­sée dans le dépla­ce­ment à domi­cile.
J’ai décou­vert la Sophrologie Dynamique® en 2006 à tra­vers le pre­mier cycle de for­ma­tion, puis j’ai étudié l’hyp­nose médi­cale (axée sur la dou­leur) à l’uni­ver­sité de Bordeaux.
Ma passion : Les états modifiés de conscience.
Depuis très longtemps, je suis intéressé par les états modifiés de conscience, c’est à dire un état de flottement, entre la veille et le sommeil, au cours duquel nos perceptions sensorielles relatives au monde extérieur s’estompent. Cet état permet à l’individu de s’ouvrir à d’autres perceptions habituellement inconscientes. C’est également ce que nous nommons en Sophrologie Dynamique® le « niveau paradoxal d’éveil ».
Ce vécu particulier peut être spontané dans certaines circonstances de la vie :
- pertes de contrôle repérables dans la vie courante : rêveries, état amoureux, conduites « hystériques » de fans, adhésions déraisonnables aux discours d’un leader, absorption dans une situation imaginaire, conduite automatique d’une voiture avec oubli du temps, absorption des enfants dans le jeu.
- il existe des formes extrêmes souvent pathologiques : colère-rage des personnalités explosives (guerrier ber-sek qui ne sent plus, ni ressent son corps), conduites « automatiques » de certains patients boulimiques etc...
- je peux inclure aussi les états de choc et leurs dysfonctionnements moteurs et intellectuels lors d’agressions…stupeur, sidération, marche automatique…
D’autres part, le niveau paradoxal d’éveil peut être provoqué :
- par une induction de type hypnotique, Sophrologique ou par la méditation.
- dans des formes de transes rituelles, dans des pratiques mystico-religieuses (extase, états des derviches tourneurs,…) dans lesquelles les musiques et les danses ont pour objet d’induire un changement mental.
Ma rencontre avec la Sophrologie Dynamique® et l’Hypnose ont pris beaucoup de sens pour moi car, sans le savoir, cela faisait des années que je pratiquais ces états modifiés de conscience. D’un coté dans mes loisirs depuis l’enfance à travers le jeu d’échec, le jeu de rôle, le sport. Mais aussi, d’un autre coté, dans ma pratique médicale d’urgence. En effet, il m’est arrivé fréquemment, lors d’une intervention, de passer rapidement d’un état serein à une situation extrêmement conflictuelle, violente. Cela induisait chez moi une probable dissociation spontanée, me plaçant dans un état de conscience modifié, qui me permettait de m’abstraire du contexte émotionnel fort, et de fournir instantanément une réponse adaptée « intuitivement » .

Qu’est ce que l’hypnose ?

L’hypnose Eriksonienne est l’outil que j’utilise le plus facilement.
L’hypnose, donc, fait partie des états modifiés de conscience, naturellement et nous allons, par contre, induire cet état pour l’utiliser en thérapie. Pour induire cet état chez une personne dès la première rencontre, il va me falloir générer un climat sincère de confiance.
La séance d’Hypnose commence dès la première consultation à travers l’anamnèse où l’objectif est d’obtenir le maximum d’informations sur le patient : son réel motif, comment décrit-il son problème, avec quels mots, quelles intonations, quels débits de paroles, comment s’exprime t’il avec son corps, ses postures, il faut laisser un grand espace d’écoute et observer.
C’est la première grande étape pour générer la relation de confiance (note : en moyenne en France, dans un cabinet de médecine générale, le patient est interrompu à environ 18 secondes).
Je vais pouvoir ensuite reformuler intégralement ou avec déjà quelques petits changements son discours. C’est à dire répéter certaines informations pour le patient, lui prouvant que je l’écoute. Je peux déjà recadrer par la reformulation. Par exemple : le patient :« ma belle-mère est terriblement affreuse », je répète : « votre belle-mère n’est pas sympathique »..Je diminue l’intensité.
Une fois que le patient s’est exprimé jusqu’au bout, j’ai donc les informations nécessaires pour m’adapter, me synchroniser à sa gestuelle, premier pilier de la communication, puis le para-verbal (débit de parole, intonation,...) et le verbal (langage soutenu, ou plus familier..).
Une fois ces premières étapes passées, je vais proposer au patient de le rejoindre pour me mettre du même coté du bureau. J’entre alors, s’il accepte, dans sa bulle proxémique. Je renforce encore un peu plus notre relation de confiance, en quittant mon bureau, et en me mettant au même niveau que le patient. Je laisse derrière ce bureau le pouvoir du médecin.
Puis, nous commençons une séance, proprement dite, par une induction (terme repris de l’anesthésie pour endormir de façon thérapeutique).
L’induction va focaliser, concentrer l’attention consciente du patient sur un travail particulier ce qui va nous permettre de placer des suggestions de détente, de relaxation, mais aussi, dès le début, des suggestions en rapport avec le motif de consultation.
Nous pouvons focaliser l’attention du patient de différentes manières. Voici différents types d’induction :
- La fixation visuelle d’un point sur le mur, sur un tableau. Par le jeu de rôle, en faisant « comme si » nous étions relaxés, comme si nous étions en voiture sur une autoroute, où rien ne se passe, ou devant un bon film agréable.
- Par la mémoire, en se remémorant un souvenir agréable par exemple, ou un autre état hypnotique connu par le patient.
- Il existe aussi une induction par saturation psychique (compte à rebours de 3 en 3, commençant par mille, en tapant du pied droit régulièrement. Milton Erikson racontait par exemple une histoire longue et très ennuyeuse.)
- De plus, il existe une induction par contraction ou décontraction de certaines parties du corps. Un peu comme notre introspection dynamique qui nous permet de focaliser l’attention sur le corps.
Pendant l’induction, je vais commencer une dissociation qui va accentuer cet état de transe. Je vais dans mon phrasé commencer à dissocier le corps et la personne. En parlant de « ce » corps, « cette » main, « cette » respiration.
Les verbes lors de suggestions tels que « imaginez » « regardez », « appréciez », « supposez » vont faciliter cette dissociation. C’est une étape essentielle à l’induction pour que tout concourt à ce que l’hypnotisé soit acteur et spectateur pendant le niveau paradoxal d’éveil.
Puis nous utilisons le V.A.K.O.G. (Visuel, Auditif, Kinésthésique, Olfactif, Gustatif) lors d’une description d’un endroit calme et paisible. « Ces » yeux vont pouvoir découvrir tel endroit, le ciel, la nature environnante. « Ce » nez va se permettre de capter les odeurs, parfums, tandis que « ces » oreilles captent les sons, une musique, des bruits etc... Dissociation donc du corps, ici présent, et de ses sens qui captent des informations du passé, ou d’un éventuel futur. Nous obtenons par ce biais, un approfondissement de l’état modifié de conscience.
Dès que les premiers signes d’entrée en Niveau Paradoxal d’Eveil sont présents, je vais utiliser des suggestions pour commencer le travail sur le motif de consultation.
La suggestion est l’outil de base de l’Hypnothérapie pour approfondir la transe mais aussi pour induire des changements de comportements.
En Hypnose Eriksonienne, il existe différentes suggestions dont voici quelques exemples :
- directes : « libérez vous du tabac » « installez vous confortablement dans ce fauteuil et quand vous êtes bien installé, fermez vos yeux »
- Composée : Association de deux évidences (ou plus) suivi d’une suggestion que le conscient va associé aussi comme une évidence. Exemple : « vous êtes maintenant dans mon bureau.....confortablement installé dans ce fauteuil.....et vous trouvez progressivement un soulagement à votre inconfort ».
- Indirectes : approche typique de Milton Erikson. Ces suggestions se rapportent au problème immédiat mais de façon voilée et discrète pour contourner l’esprit conscient du patient et de ses croyances limitatives. Nous retrouvons là, les contes, les métaphores, des plaisanteries, des analogies, des jeux de mots, etc...
Séquence d’acceptation : utilisation de truismes (succession d’évidence que l’esprit conscient du patient ne peut nier)... Maintenant que vous êtes confortablement installé, et que vous expirez lentement (pendant que le patient expire), vous allez vous permettre de faire l’expérience d’une relaxation agréable.

Evolution de ma pratique : interactions entre Sophrologie Dynamique® et l’hypnose.

J’ai ouvert en janvier 2009 un cabinet d’Hypnose médicale où je souhaitais travailler avec cet outil en séances individuelles, orientées sur un motif de consultation.
En parallèle je souhaitais pratiquer la Sophrologie Dynamique® en groupe, pas dans un but thérapeutique mais de prise de conscience, de développement personnel.
Je me suis retrouvé très rapidement avec une population de patients souhaitant faire disparaitre (comme par magie) leurs symptômes divers et variés. Ces patients souhaitent une thérapie brève, ne souhaitaient pas de travail plus profond sur eux-mêmes, mais juste sur leurs symptômes.
J’ai donc affaire souvent à des patients très « cartésiens » « rationnels », qui ne souhaitent pas voir de Psy (psychiatre, psychologue, psychothérapeute) car ils ne sont pas « fous », ou parce qu’ils n’ont pas le temps de suivre une thérapie qu’ils imaginent « longue ».
Depuis 1 an et demi donc les motifs de consultation sont les suivants (cités par ordre de fréquence) :
Anxiété généralisée, attaque de panique, spasmophilie, tétanie.
Troubles du sommeil (insomnie, trouble d’endormissement)
Phobies (animaux, vertiges, agoraphobie)
Arrêt tabac
Douleurs chroniques (lombalgies, dorsalgies, migraine)
Troubles sexuels (érection, dyspareunie : douleur gynécologique)
Gestion du stress (pour les examens, compétition)
Performance sportive (surf, golf)
Troubles obsessionnels compulsifs
Acouphènes
Dans les premiers mois, je me suis cantonné à une pratique de l’hypnose, du type Eriksonienne. Une induction par la parole ou fixation d’un point, sans exercice physique, portant sur une voix monocorde, des suggestions simples de détente relaxation, avec ensuite une dissociation amenée lors d’un rêve éveillé, avec si possible approfondissement de la transe, de l’état modifié de conscience, puis travail spécifique sur le symptôme du patient, ce pour quoi il consulte.
J’ai noté que 50% de mes patients (les plus anxieux) avaient du mal à lâcher prise de façon correcte. Le ton monocorde, le fait de ne pas bouger sur un siège pendant plusieurs minutes les angoissaient encore plus.
A partir de ce moment, j’ai incorporé l’introspection dynamique (sophrologie dynamique) en guise d’induction (En hypnose : induction cénesthésique).
J’ai utilisé l’introspection dynamique en 3 parties, et celle du dépoussiérage, induction que je connaissais bien. J’ai également opté l’emploi du « nous » qui me réintroduit dans la séance, qui est plus accompagnant, rassurant, pour les premiers pas vers l’inconnu, le changement, au lieu du « vous » allez sentir la décontraction, « vous » allez pouvoir vous autoriser à…etc…Le « vous », se heurte très rapidement aux défenses des patients alors que le « nous » étant plus indirect, va moins mobiliser la défense du patient.
De plus, mes séances devenaient beaucoup plus concrètes, « palpables », cela devenait moins flou, moins virtuel pour ces patients anxieux. Les introspections m’offraient un support facile pour mes suggestions à venir. En effet, la personne rationnelle, consciente en face de moi, ne peut contredire qu’elle se frotte les oreilles ou les mains, ou son cuir chevelu etc...
L’adhésion des patients étaient bien plus efficace, ainsi que leur lâcher prise, et cela dès la première séance !
J’ai donc continué d’incorporer les exercices dynamiques, avec l’activation /désactivation des sensations corporelles, et l’expression de la qualité d’être.
Milton Erikson souhaite pour les patients leur faire « gouter » à cet état de relaxation profonde et qu’ils en prennent conscience afin d’ancrer en eux cette expérience.
Puis j’ai de nouveau, « saupoudré » de suggestions directes, indirectes, paradoxales, accentuant la dissociation au cours de l’introspection en parlant de « ce » corps, « ces » mains, « ce » thorax. Ce qui permet aux patients dans un premier temps de fixer leur attention, leur esprit conscient sur leur corps, mais en même temps de prendre de la distance par rapport à celui-ci. Donc à partir du moment où il est « distancié », il va pouvoir s’autoriser à faire l’expérience d’un changement, car il va tenter un changement sur « cette » main par exemple qui n’est déjà plus « sa » main.
Par la suite, motivé par mes premières expériences fructueuses, j’ai continué d’incorporer les exercices sur l’émotion (gestion émotionnelle, sourire intérieur) avec toujours la notion d’activation, désactivation, sentiments d’être.
Milton Erikson Utilise souvent des régressions en âge, pour aller avant un accident, une agression ou tout simplement aller remettre au goût du jour des compétences enfouies, cachées depuis des années auxquelles le patient n’a plus accès.
J’utilise maintenant dans le même ordre d’idée les exercices sur la mémoire, les valeurs.
Conclusion du praticien :
L’expérience pratique auprès des patients et ses résultats positifs m’amènent à conclure que les exercices dynamiques sont l’équivalent de suggestions indirectes puissantes, comme les métaphores. En effet, chaque inconscient comprendra et utilisera à sa manière le message véhiculé par l’exercice corporel afin de débloquer une situation, de s’adapter, d’accepter un changement. Comme nous l’avons vu précédemment, le corps représente au moins 70% de notre communication, et donc il est nécessaire de ne pas omettre cette donnée.
Je pratique donc maintenant en thérapie individuelle avec une base de Sophrologie Dynamique® soutenue et renforcée par l’utilisation de procédés techniques d’Hypnose Eriksonienne. Les résultats sont très satisfaisants auprès des patients, qui souhaitent pour la plupart poursuivre une découverte de leur corps, de leurs émotions à travers l’outil de Sophrologie Dynamique®. Le projet de faire des groupes hebdomadaires est en cours avec une collègue Sophrologue de Bayonne.
Conclusion de l’homme :
Durant 18 mois de travail avec ces outils, j’ai pris conscience de la disharmonie corporelle /émotionnelle dans laquelle je vivais auparavant.
Dernièrement, à la fin d’une journée de consultation sophrologie, un patient m’a demandé si je n’allais pas m’ennuyer dans mon nouveau cabinet à ne plus faire d’urgence, ne plus sauter dans ma voiture etc... Et j’ai eu un flash, me remémorant une de mes dernières gardes de nuit. Lors de cette nuit j’ai enchainé 12 heures d’affilées, sans boire, sans manger, volant d’urgence en urgence, dans ma voiture, seul. J’ai commencé par une hospitalisation d’office, violente, suivi d’un gardé à vue qui se cognait la tête contre les murs, puis un suicide par arme à feu, infarctus etc....seul avec tout ça…et hop, je rentre le matin, comme si de rien n’était, et c’est comme ça depuis plus de 10 ans.
Pas de cellule de décompression, de partage comme pour la police. Non, rien ! A croire que les soignants sont des surhommes...pas besoin de manger, ni de boire, ni d’aller aux toilettes… de vraies machines. Et en plus, le matin ils oublient tout…fantastique !!!
J’ai donc pris conscience dans quel milieu j’évolue depuis très longtemps, où la « violence » banalisée, m’a probablement blindé, anesthésié émotionnellement pour ne pas souffrir ! Un milieu où je ne respectais même pas mes besoins fondamentaux (dormir, manger, boire, WC...).
Ma pensée ira, pour conclure, à tous ces soignants (médecins, infirmières etc…) en première ligne qui ne savent pas encore qu’ils sont proches du Burn-out, de la rupture parce qu’ils ne se respectent plus depuis des années. Et que notre mission au quotidien, nous sophrologues, sera d’ouvrir les yeux, en premier lieu, à toutes ces soignants qui souffrent sans le savoir.
- Dr Yvan Carapina

Il suffit d'un geste

François Roustang : les gestes du lâcher prise

“Le patient n’est pas un malade mais un maladroit”, nous dit le thérapeute François Roustang dans son livre Il suffit d’un geste. Et pour retrouver le goût de vivre, il faut donner la parole à son corps.
Propos recueillis par Valérie Colin-Simard
Psychologies : Le titre de votre livre, “Il suffit d’un geste”, est presque une provocation. 
Serait-il si facile de guérir ?
François Roustang : Oui, mais cela demande une préparation. Il faut, entre autres, commencer par trouver, en soi, le geste juste. Un simple geste du corps peut exprimer la personne tout entière. Dans mon livre, je parle d’un homme en deuil de sa mère à qui je demande d’ouvrir les mains en signe d’acceptation. Ce monsieur qui, certainement, a fait ce geste une bonne dizaine de fois dans la journée sans y penser, ne parvient pas à le faire en conscience parce qu’il refuse de se détacher de sa souffrance. Je cite également un autre cas, celui d’une femme dépressive. Pour lui faire lâcher prise, je lui ai dit : « Ouvrez les vannes. » Ses parents avaient été longtemps responsables d’une écluse. Je lui ai demandé de tourner la manivelle. Après deux ou trois séances, elle a réussi à le faire, ce qui l’a délivrée complètement de la dépression.
Pour moi, le patient n’est pas un malade mais un maladroit, c’est-à-dire quelqu’un qui, dans la vie et avec son entourage, ne fait pas les gestes justes. Mon message est de lui dire : « Si vous voulez aller mieux, c’est très simple » ; mais le problème, c’est que… c’est très difficile d’être simple. Et seul le "lâcher-prise" peut nous permettre d’y arriver.
En tant que thérapeute, qu’entendez-vous par “lâcher prise” ?
Lâcher prise, c’est renoncer aux intentions, aux projets, à la maîtrise de son existence. C’est un abandon de la pensée, de la volonté, et même du résultat. Quelqu’un qui ne cherche plus rien n’attend plus rien, devient disponible et s’ouvre à quelque chose d’autre. C’est cela la magie : laisser venir les forces vives qui sont en nous.

Pourquoi est-ce si difficile de s’abandonner ?

Parce que nous avons l’habitude de vouloir maîtriser notre existence. Dans notre monde, si nous voulons quelque chose, il faut avoir un projet, une stratégie. Mais quand notre existence subit des modifications, il faut s’y prendre autrement. La vie est toujours une invention, mais pour inventer, il faut se laisser inspirer. C’est l’histoire de tous les poètes, de tous les peintres, de tous les créateurs, et c’est aussi celle du patient qui veut guérir. Inventer demande d’accepter l’aventure et l’inconnu. On ne peut pas savoir à l’avance ce qui va se passer. Une patiente m’a dit, il y a quelques jours : « Je sais que le bonheur est à portée de main, mais cela modifierait tellement de choses dans mon existence que je n’ai pas envie de changer ! »
Comment faire la différence entre lâcher-prise et résignation ?
Une personne résignée se soumet, mais garde toujours en elle un ressentiment, un regret ou un sentiment d’injustice. Avec le lâcher-prise au contraire, on part du principe que tout va bien. Mes parents m’ont abandonné lorsque j’étais enfant, mon mari ou ma femme est parti(e), mes enfants sont au chômage… Tout cela, je le prends avec moi aujourd’hui puisque c’est ainsi. C’est seulement si je prends en charge mon existence tout entière que je peux la faire avancer. Je dois partir de là où je suis. Je dis fréquemment à mes patients : « Si vous voulez aller à trente mètres d’ici, s’il vous plaît, commencez par poser vos pieds là où vous êtes. » L’important, c’est de prendre la situation telle qu’elle est, et de la prendre tout entière.
Comment faire pour accepter vraiment une situation douloureuse ?
Oublier ses projets, se mettre dans son corps. Se le réapproprier. S’assurer que vous avez deux pieds, deux jambes et que la vie circule en vous. C’est pour cela que le geste est si important. Je dis souvent : « D’abord, vous vous coupez la tête, et ensuite on va pouvoir travailler ! » On ne peut guérir que si l’on accepte de se réduire à l’état d’être vivant. Ce qui signifie : ne plus penser, ne plus vouloir, ne même plus s’occuper de ses émotions.

Ne plus s’occuper de ses émotions, encore une préconisation thérapeutique à contre-courant !

Sentiments, émotions ou souvenirs ne sont que des témoins d’un passé déjà mort. Ils ne sont que des fardeaux qui entravent notre marche, parce qu’ils reflètent nos habitudes. Il ne s’agit pas de réduire les émotions au silence, mais de les conduire peu à peu à rejoindre le silence dont elles sont sorties. Une thérapie réussie devrait nous permettre de vivre à deux niveaux. Je compare cela à la nappe phréatique. En surface, il y a des plantes et des arbres, et au fond, une source immobile indispensable pour que la vie se développe. En thérapie, on apprend à se situer dans la nappe phréatique, dans ce lieu de fécondité, et l’on constate alors que dans la vie, tout va pouvoir s’arranger. Dès que l’on a accepté de perdre le contrôle, l’énergie revient.
Avec le lâcher-prise, n’êtes-vous pas en train d’ouvrir la voie à une nouvelle forme thérapeutique, la thérapie spirituelle ?
A condition d’entendre le « spirituel » comme une démarche qui ne décolle pas du quotidien. Cette démarche ne consiste pas à entrer dans un autre monde ni à se connecter à une autre dimension. La spiritualité, ce n’est pas fuir la réalité, mais se réconcilier avec elle.
LE LIVRE :
Oublier ses certitudes
“Il suffit d’un geste” (Odile Jacob) peut bousculer, déranger. Il nous demande rien de moins que de lâcher le contrôle et de laisser tomber nos certitudes et ce qui nous sécurise. Un ouvrage courageux, dont certains passages sont de véritables hymnes à la vie et à l’aventure.