jeudi 29 mai 2014

La frustration

La frustration est un état mental d'insatisfaction caractérisé par un déséquilibre entre un désir ou une attente, et sa réalisation.

Les sources de frustration peuvent être internes ou externes.
Les sources internes proviennent de déficiences personnelles : insatisfaction, manque de confiance, peur, etc.
Les causes externes sont générées par une interférence ou un conflit avec une autre personne, qui empêche d'atteindre le but désiré : jalousie, rancune, orgueil, etc.

Facteurs favorisant la frustration
- la société et sa structure
- le statut social
- le conditionnement de l'individu
- le système hiérarchique du pouvoir
- le bombardement publicitaire
- le snobisme, le faux-self, l'orgueil, l'impatience
- le sentiment d'injustice et la révolte qui en découle
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Comment vivre ses frustrations ... sans faire de morts ?
- soigner sa jalousie, son envie, son orgueil, ses rancunes, sa révolte
- utiliser l'humour, et pourquoi pas ... la dérision !
- apprendre à vivre intensément le moment présent et l'accepter tel qu'il est
- assumer, sublimer ... nourrir son âme et avoir une vie profonde
- et surtout : changer de système de fonctionnement !

Le bonheur et l'ascèse
L'ascèse consiste, comme le dit Maurice Béjart, " à choisir perpétuellement l'essentiel".
Et Béjart ajoute : "c'est en ne gardant que l'essentiel et le nécessaire que l'on trouve les forces de la vitalité et de la vérité. [...] L'épanouissement doit être une ascèse, un dépouillement qui n'est pas une contrainte négative comme la mortification. [...] Je crois qu'actuellement le drame de l'époque consiste à faire croire aux gens qu'en multipliant leurs besoins, on augmente leur joie ... La seule issue pour le monde actuel, c'est non pas la privation,mais c'est la joie dans le dépouillement".
L'orientation est donnée : vitalité et vérité, innocence à retrouver. Mais aussi le prix à payer : un travail intérieur préliminaire.


Eviter les frustrations ?
Oui, un maximum. C'est probablement la solution la plus simple, mais tellement à l'encontre de notre société actuelle !
Cela implique de se protéger de toutes les sollicitations et tentations malvenues

Qu'en disait Freud ?
"C'est au travers de la frustration et de l'attente que naît un Objet extérieur d'où vient la gratification. Sans cette frustration et cette attente, il n'y a pas de limites entre le Moi et le non-Moi."

La frustration est donc essentielle à l'existence. La plus grande frustration (précédant le complexe d'Oedipe) ne provient-elle pas de la séparation du bébé avec sa maman ? Mais comment pourrait-il en être autrement ?

Et la pensée Jungienne ? (source : merelle.net)C_G_Jung

Moi ? Qui, moi ?
Lequel es-tu de ces mille visages que tu montres ? Sais-tu qui t'habite ? Sais-tu qui tu es ? Sais-tu quel est l'élan qui te porte ? Es-tu un ou es-tu mille ? Tous les jours, ton humeur change ; avec elle, tes désirs et tes projets !
Tu rêves de transparence et te voilà plongeant dans le mensonge et la compromission.
Tu as soif de profondeur et d'intériorité et te voilà t'installant dans la banalité, cette banalité rampante qui rogne tes ailes naissantes.
Tu veux régler ta vie pour l'aventure intérieure et te voilà, écervelé versatile, te diluant dans le monde.
Où est ta continuité ? Qu'est-ce qui te fait toi ? Quel sens ta vie a-t-elle dans l'économie du monde ?
Ces questions lancinantes reviennent périodiquement. Elles entretiennent un fond de frustration et d'insatisfaction qui nous porte à désirer de plus en plus le changement.
Oh oui, échapper à ses routines, être en vacances de soi et de ses propres pesanteurs, ne plus revenir en arrière, avancer, alors que sur cette voie de la transformation, il semble bien qu'on n'en finisse pas de commencer !
Que faire ?
" Hic Rhodus, hic salta ", "C'est ici Rhodes, c'est ici que tu dois danser !" : Jung aimait répéter cette phrase. Oui, c'est ici et maintenant que nous devons vivre, oui une partie de nous ne doit pas craindre de s'engager dans le tourbillon du quotidien, mais il importe également de trouver en soi ce témoin intérieur suffisamment distancié pour ne pas s'identifier aux mouvements du moi. Là est le centre, là est le point fixe, c'est là que s'enracine le Je !

La frustration est une invitation à chercher le bonheur en moi-même ... et "trouver le bonheur est un art qui consiste à changer son regard en mettant des lunettes roses" (Jade).
Les 'lunettes roses', c'est : voir au travers de moi tout ce que j'ai de positif : mes projets, ma force, ma liberté, mon espérance, ma confiance en la Vie ... et être heureux de ce que je suis ... car ma valeur personnelle, c'est ce que je suis ... et non ce que j'ai !

vendredi 23 mai 2014

Le sacré est partout par Eckhart Tolle


Domestiquer l'inconfort


A l'aise dans les difficultésParmi toutes les compétences que j’ai apprises au cours des 7 dernières années à changer ma vie, une compétence sort du lot :
Apprendre à être à l’aise dans l’inconfort.
Si vous apprenez cette compétence, vous pouvez maîtriser quasiment tout. Vous pouvez vaincre la procrastination, commencer le sport, rendre votre alimentation plus saine, apprendre une nouvelle langue, traverser les défis et les événements physiquement exténuants, explorer de nouvelles choses, parler sur une scène, lâcher prise sur tout ce que vous connaissez, et devenir minimaliste. Et ce n’est qu’un début.

Malheureusement, la plupart des gens évitent l’inconfort. Je veux dire, ils l’évitent vraiment : au premier signe d’inconfort, ils vont courir aussi rapidement que possible dans la direction opposée. C’est peut-être le facteur le plus limitatif pour beaucoup de gens, et c’est la raison pour laquelle vous n’arrivez pas à changer vos habitudes.

Pensez à ceci : beaucoup de gens ne mangent pas de légumes parce qu’ils n’en aiment pas le goût. Nous ne parlons pas d’une douleur qui tord l’âme ici, pas de tortures à Guantanamo, seulement d’un goût auquel vous n’êtes pas habitué. Et donc ils ne mangent que ce qu’ils aiment déjà, autrement dit des sucreries et des trucs frits et de la viande et du fromage et des choses salées et beaucoup de farine transformée.
Le simple acte d’apprendre à s’habituer à quelque chose qui a un goût différent – pas vraiment si difficile dans le grand ordre des choses – fait que les gens sont en mauvaise santé, et souvent en surpoids.
Je le sais, parce que cela a été mon cas pendant tellement d’années. J’étais devenu gros, sédentaire, fumeur, et profondément endetté avec énormément de désordre et de procrastination, parce que je n’aimais pas les choses qui étaient inconfortables. Résultat : j’ai fini par créer une vie qui était hautement inconfortable.
La chose merveilleuse que j’ai apprise est qu’un peu d’inconfort n’est pas une mauvaise chose. En fait, c’est une chose que l’on peut apprécier, avec un peu d’entraînement. Quand j’ai appris cela, j’ai pu tout changer, et je suis plutôt bon en changements grâce à cette compétence.
Maîtrisez votre peur de l’inconfort, et vous pourrez maîtriser l’univers.


Éviter l’inconfort

Quand les gens sont stressés, ils se tournent souvent vers la cigarette, la nourriture, le shopping, l’alcool, la drogue, le sexe à outrance etc., n’importe quoi permettant de se débarrasser de l’inconfort de la chose qui les stresse. Et pourtant, si vous regardez ce stress plus en profondeur, c’est en réalité une peur infondée qui le cause (généralement la peur de ne pas être assez bon), et si nous l’examinions et l’exposions un peu à la lumière du jour, elle commencerait à disparaître.
Quand les gens commencent à faire du sport après avoir été sédentaire, ils ne sont pas à l’aise. C’est difficile ! Ca peut faire mal. Ce n’est pas aussi facile que de ne pas faire de sport. Ce n’est pas quelque chose que vous avez l’habitude de faire, et vous avez peur de mal le faire ou d’avoir l’air idiot. Et donc vous arrêtez au bout d’un moment, parce que c’est inconfortable, alors que ce n’est en réalité pas horrible d’être un peu mal à l’aise pendant un temps. Nous ne parlons pas d’une douleur incroyable, mais juste d’inconfort.
Quand les gens essayent de manger sainement, souvent ils n’aiment pas ça – manger des légumes, des noix entières, du lin, des fruits, du tofu, du sempeh, et des haricots noirs n’est pas aussi excitant que de manger sucré, salé, gras ou frit. C’est une forme d’inconfort de changer vos papilles, mais en réalité cela peut se passer facilement si vous traversez simplement cette zone d’inconfort.
L’inconfort n’est pas mauvais. C’est juste une chose à laquelle nous ne sommes pas habitués. Et donc nous l’évitons, mais au prix de ne pas être capable de changer les choses, de ne pas être en bonne santé, de ne pas être ouvert à l’aventure et au chaos d’une vie qui n’est pas lisse.


Maîtriser l’inconfort

Le moyen de maîtriser l’inconfort est de le faire confortablement. Cela pourrait sembler contradictoire, mais ça ne l’est pas. Si vous avez peur de l’inconfort, et que vous essayez de battre l’inconfort avec une activité frénétique, vous allez probablement abandonner et échouer, et revenir dans le confort.
Alors faites-le à petites doses.

1. Choisissez quelque chose qui n’est pas difficile. Prenons la méditation par exemple. Ce n’est vraiment pas si difficile – vous vous asseyez simplement et faites attention à votre corps et à votre respiration, dans le moment présent. Vous n’avez pas besoin de vider votre esprit (simplement de faire attention à vos pensées), vous n’avez pas besoin de psalmodier de trucs étranges, vous vous asseyez simplement et vous vous concentrez. Si vous n’aimez pas la méditation, essayez un nouvel aliment équilibré, comme le chou frisé ou les amandes entières ou le quinoa. Ou un exercice sportif relativement simple si vous êtes sédentaire, comme la marche ou le jogging.

2. Faites-en juste un peu. Vous n’avez pas besoin de commencer par 30 minutes d’une chose que vous n’avez pas l’habitude de faire. Faites-en seulement quelques minutes. Commencez simplement.

3. Repoussez votre zone de confort, un tout petit peu. Mon amie et prêtresse Zen Susan O’Connell a une technique favorite d’enseignement de la méditation que vous pouvez en fait utiliser pour n’importe quelle activité : quand vous méditez et que vous ressentez l’envie de vous lever, ne le faites pas ; puis quand vous ressentez l’envie de vous lever une seconde fois, ne le faites pas ; et quand vous ressentez le besoin de vous lever une troisième fois, alors levez-vous. Ainsi vous restez assis malgré l’envie et l’inconfort deux fois avant de finalement céder la troisième fois. C’est un bon équilibre, car de cette façon vous repoussez un petit peu votre zone de confort. Vous pouvez faire ça avec le sport et beaucoup d’autres activités – repoussez un petit peu.

4. Regardez l’inconfort. Regardez-vous lorsque vous entrez en zone d’inconfort – est-ce que vous commencez à vous plaindre (intérieurement) ? Recherchez-vous des moyens de l’esquiver ? Vers quoi vous tournez-vous ? Qu’arrive-t-il si vous y restez, et que vous ne faites rien ?

5. Souriez. Ce n’est pas un conseil bidon. Si vous pouvez sourire tout en étant dans l’inconfort, vous pouvez apprendre à être heureux dans l’inconfort, avec de la pratique. Quand j’ai fait le challenge Goruck en 2011, cela représentait 13 heures d’inconfort – les genoux élimés et ensanglantés, du sable dans mes chaussures pendant que j’escaladais et courais avec quasiment 30 kilos sur le dos, que je portais des coéquipiers ou des bûches, que je faisais des pompes et que je marchais en crabe et d’autres exercices, que j’avais besoin d’un bain et que j’étais fatigué et que j’avais faim et soif. Et pourtant, j’ai fait quelque chose de très simple : j’ai essayé de garder le sourire pendant tout cet inconfort. C’est un exercice important.
Répétez cet exercice quotidiennement. Cela sera étrange, peut-être difficile au début, mais rapidement votre zone de confort s’étendra. Si vous vous entraînez assez, avec différentes activités, votre zone de confort s’étendra pour inclure l’inconfort. Et alors vous pourrez maîtriser l’univers.


Ce que vous pouvez maintenant maîtriser

Si vous maîtrisez l’inconfort, que pouvez-vous dès lors maîtriser ? Quasiment tout :

1. La procrastination. Nous procrastinons pour éviter quelque chose d’inconfortable, mais vous pouvez apprendre à vous tenir à cette tâche, même si ce n’est pas confortable. L’inconfort n’est pas une mauvaise chose. Vous pouvez apprendre à gérer l’inconfort et à vous tenir à votre tâche importante.

2. L’exercice. Nous évitons l’exercice parce que ce n’est pas confortable, mais si nous pouvons étendre notre zone de confort un petit peu à chaque fois, nous pouvons faire de l’exercice une chose dans laquelle nous sommes à l’aise, au bout de quelques répétitions.

3. Écrire. Si vous voulez écrire mais que vous semblez toujours repousser, c’est parce qu’écrire est souvent difficile, ou moins confortable que de regarder des mails ou les réseaux sociaux (par exemple). Restez dans l’inconfort, et vous écrirez plus que jamais.

4. Manger sainement. C’est incroyable à quel point nos papilles peuvent changer avec le temps, si nous nous habituons petit à petit à des nourritures plus saines. Cela implique de passer par de petites périodes d’inconfort, mais ce n’est pas si mal par petites doses.

5. La méditation. Nous évitons l’inconfort de rester assis à ne rien faire, de se concentrer sur le présent. Mais ce n’est pas si difficile – juste un peu inconfortable.

6. Se lever tôt. Se lever tôt implique d’être un peu fatigué pendant un petit temps, mais ce n’est quelque chose de si horrible que ça. Lisez-en plus sur le fait de vous lever tôt.

7. Apprendre une langue/un instrument. Vous voulez apprendre quelque chose de nouveau ? Cela implique de faire une chose à laquelle vous n’êtes pas habitué, par définition, et donc souvent nous abandonnons avant de maîtriser cette nouvelle compétence, simplement parce que (vous l’avez deviné) on trouve cela inconfortable. Restez dans cet inconfort, et sous peu vous apprécierez apprendre cette nouvelle compétence.

8. Le désordre. Le désordre n’est qu’une autre forme de procrastination. Vous ne rangez pas les choses, ou vous laissez s’empiler des choses dont vous n’avez pas besoin, parce que ce serait inconfortable de vous en occuper dès maintenant (comparé, disons, au fait de surfer sur internet ou de regarder la télé). Mais s’occuper de quelque chose immédiatement n’est pas si difficile une fois que vous avez dépassé cette sensation d’inconfort.

9. Lire des romans. Nous avons tendance à éviter de nous asseoir avec un livre, parce que nous sommes attirés par quelque chose de plus confortable (là encore, surfer sur internet par exemple). Si nous pouvons simplement nous asseoir avec le livre et un léger inconfort, nous pouvons lire plus.

10. Vider sa boîte de réception mail. Une autre forme de procrastination – vous recevez des mails, vous y jetez peut-être un œil, mais vous repoussez le fait de les traiter parce que c’est plus simple de ne pas le faire.

11. Les dettes. C’est une suite de choses que nous devons traiter qui ne sont pas confortables – faire la liste de nos dettes et de nos factures, établir un budget simple, faire des choses gratuites à la place du shopping, etc. Mais je me suis désendetté en faisant finalement face à toutes ces choses, et c’était fantastique.

12. Les nouvelles aventures. Beaucoup de gens restent dans des endroits où ils sont à l’aise, ce qui fait qu’ils passent à côté de nouvelles expériences qui pourraient être un peu inconfortables. Même quand ils voyagent, beaucoup de gens en restent aux vues et aux plats pour touristes auxquels ils sont habitués, plutôt que de chercher des expériences étranges mais plus authentiques dans un nouveau pays. Nous évitons de rencontrer de nouvelles personnes, de parler sur scène, de nous débarrasser de ce que nous savons, d’être ouvert à de nouvelles choses… pour éviter l’inconfort.
Et ce n’est que le début. Dans chacun de ces domaines il y a beaucoup de choses sur lesquelles vous pouvez travailler dans les années à venir maintenant que vous n’avez pas peur de l’inconfort, et il y a beaucoup d’autres domaines d’exploration qui vous sont maintenant ouverts.
L’inconfort peut être la joyeuse clé qui ouvre tout pour vous.

La seule chose que je ne peux pas supporter, c’est l’inconfort. – Gloria Steinem