vendredi 1 novembre 2013

Et l'être devient sujet

L'Être doit devenir sujet, accéder à la conscience de soi, se retrouver après s'être aliéné. 

Hegel.


L'homme se réalise à partir d'un retour vers soi-même à travers les rebondissements de son esprit, son expérience, son histoire, son art, sa religion... "L'être-là" (Da-sein) qu'est l'homme existe et ne subsiste pas seulement et cette existence est irréductible au doute. C'est parce qu'on existe qu'on parle, qu'on travaille, qu'on pense et qu'on élabore...Mais si le fait d'exister est une évidence, la raison d'être de l'existence reste pour l'homme une énigme

La quête de sens est la grande raison de l'existence et le Tao nous offre la possibilité d'une Voie pour découvrir ce sens et notamment la conscience de ce sens. Cette conscience étant ce qui fait la grandeur de l'homme.
Tao... axe central de l'univers, "d'où tout part et où tout revient". 
Cette doctrine ancestrale donne les clés pour vivre dans l'authentique. Moins connue que le bouddhisme, souvent confondue avec le zen qu'il a cependant influencé, le Tao nous indique "ce qui marche" pour favoriser la vie. "Il émousse ce qui tranche, démêle les nœuds  discerne dans la lumière, assemble ce qui, poussière, se disperse", écrivait son fondateur Lao Tseu.

S.Doyen


"Confucius remis en question
Le taoïsme est un courant philosophique né dans le sud de la Chine au VIe siècle avant J-C.
La doctrine de Confucius avait alors le monopole en matière de pensée. Concernant aussi bien les mœurs que la politique, cet ordre établi du « bien pensant » fut remis en question par Lao Tseu (Vieille Oreille longue). 

Ancien conseiller de la cour royale, celui-ci refusa de cautionner plus longtemps le pouvoir impérial qu’il jugeait décadent, quitta la société et entreprit un voyage au cours duquel il écrivit le “Tao Te King” (“Le Livre de la voie et de la vertu”). 
Ce texte fondateur déroulant les préceptes clés de la philosophie taoïste est un recueil de maximes, d’aphorismes et de dictons, divisé en quatre-vingt-un chapitres. Les deux autres pères du taoïsme sont Tchouang Tseu et Lie Yukou."


" Rechercher l’essence, fuir l’apparence"
« Grand est le ciel, grande est la Terre, grand l’être »  Tao Te King , 25

Un taoïste  recherche la simplicité en tout. " Aux meubles alambiqués, il préfère la beauté d’un bois brut, explique Gérard Edde, auteur du Chemin du tao aux ed. La Table ronde. 
Aux vêtements synthétiques, la pureté du coton. " (Le travail de la voie s'inscrit dans les "banalités" du quotidien).

En toute chose, reconnaître le yin et le yang
« Celui qui ne perd pas sa racine peut durer », Lao Tseu

« Le yin est ce qui a envie de devenir yang, et le yang, ce qui a envie de devenir yin », Cyrille Javary
Vivre le tao, c’est avoir conscience de ces deux énergies contraires, nées du vide primordial et qui se relaient sans cesse : le yang – qui correspond à la dureté, la masculinité, l’action, l’être, la lumière – succède au yin, qui incarne le féminin, la douceur, la passivité, les ténèbres, le non-être, la nuit. Dans toute situation, l’une de ces forces succédera à l’autre. Aussi, pour trouver l’harmonie, on recherchera sans cesse le point d’équilibre entre les deux. 
En cuisine, on élaborera des menus qui associent aliments yin (sucre, fruits, légumes verts, etc.) et yang (viande, œufs, fruits de mer, etc.). Dans la vie quotidienne, on alternera des temps de repos (yin) et d’action (yang), de retour à soi (yin) et d’extériorisation (yang). « Et le tao nous rappelle que se retirer, attitude très yin, peut aussi être une stratégie puissante, car c’est ce qui permet de restaurer l’énergie yang ». 
Parfois donc, reculer, c’est progresser.


"S’accorder aux cycles"
« Les quatre saisons changent et se transforment continuellement l’une en l’autre. C’est ainsi qu’elles peuvent accomplir la durée du temps »  Yi King, hexagramme 32

Toute chose vivante est soumise à des cycles de destruction et de régénération. Les événements n’échappent pas à cette loi de la mutation : chaque aventure de la vie a ses propres temps d’action et d’immobilisation. La thérapeute américaine Diane Dreher, auteur de The Tao of Womanhood (Quill, New York) affirme que « la sagesse, c’est de savoir reconnaître la fin d’un cycle, de ne pas se battre contre l’incontournable et de savoir quand bouger ». 
Dans la journée, par exemple, à quelle heure nous sentons-nous au top de notre énergie ? A quel moment décline-t-elle ? Selon Diane Dreher, nous sommes plongés dans la confusion quand nous avons négligé de repérer à quel moment de son cycle en est telle ou telle relation affective ou situation professionnelle qui nous pose problème. 
Le tao peut alors se faire réconfortant puisqu’il nous dit: « Il n’y a qu’une chose qui ne change pas, c’est que tout change tout le temps. »

"Résoudre les oppositions"
« Sous la pluie, voir le soleil brillant. Dans les flammes, boire à la source fraîche » Anonyme

Pour nous cartésiens, qui pensons en termes de bien ou mal, noir ou blanc, le tao permet de délier les conflits cornéliens qui nous emprisonnent. « Le un se divise toujours en deux » : toute situation se déliera à un moment en une situation yin et une situation yang, rien dans la vie n’est univoque. Le tao nous propose donc de pratiquer la double vision. 
William Martin, auteur d’un bréviaire taoïste à l’usage des parents d’aujourd’hui (Parents’s Tao Te King - Marlowe and Company, New York), invite à prendre en compte cette dialectique des antagonismes dans l’éducation d’un enfant : « Si vous voulez que vos enfants soient généreux, vous devez d’abord les autoriser à être égoïstes. Si vous voulez qu’ils soient disciplinés, vous devez d’abord les laisser être spontanés. […] Une qualité ne peut être pleinement apprise sans la pleine compréhension de son opposé. »


"S’asseoir et oublier"
« Le sage rejette toute influence et demeure centré »  Tao Te King, 12


L’un des écrivains taoïstes les plus créatifs, Doctor Barefoot, se définit comme un « guerrier spirituel » (Guerrier urbain, manuel de survie spirituelle - J’ai lu). (Vous trouverez également ce concept dans les 4 accords Toltèques). 
Individualiste, il méprise la politique car il sait que le travail intérieur prime sur tout et que pour agir en accord avec le tao, il faut d’abord être à l’écoute de sa nature profonde.
« N’oubliez jamais : tout ce que vous voyez à la télévision, tout ce que vous lisez sur le Net, dans la presse ou dans les livres, tout ce que vous entendez à la radio, tout y compris les manuels sont la pensée d’un autre. » 
Pour lui comme pour les ermites du VIe siècle avant J-C, la sagesse vient de l’intuition intérieure. Pour contacter celle-ci, une seule voie : entrer dans le silence intérieur, méditer. 
C’est la “voie de l’eau”, explique Gérard Edde. On ne médite pas pour gagner plus de sagesse ou de sérénité mais, au contraire, on s’assoit pour perdre chaque jour quelque chose : une idée erronée, un mauvais comportement, une émotion conflictuelle… et ainsi rejoindre l’unité primordiale.


"Vivre l’acte sexuel comme un puissant échange énergétique"
« Pendant l’amour, l’homme prend le yin qui lui manque et la femme, le yang dont elle a besoin », Gérard Edde.

Aujourd’hui, le « tao sexuel » apparaît comme une invitation à l’extase perpétuelle. En réalité, si les ermites du VIe siècle avant J-C ont mis au point ces techniques sophistiquées d’union sexuelle – qu’ils pratiquaient avec des prostituées et suivant un calendrier très précis –, c’était avant tout pour purifier leur énergie vitale. Rien de romantique donc, dans cette pratique qui, comme le qi gong ou la méditation, a pour but essentiel de favoriser l’union avec le tao : « La maîtrise et la rigueur nécessaires aux amants étaient liées à leur manque de passion amoureuse », analyse Gérard Edde. 
L’acte sexuel est vécu comme un puissant moment d’échange énergétique, ayant à ce titre des répercussions sur toute la vie : « Lorsque votre énergie sexuelle circule librement dans tout le corps (et pas seulement dans les parties génitales), vous vous sentez plus élevé spirituellement et davantage connecté à vos impulsions », déclare Doctor Barefoot.


"Apprendre à « nourrir la vie »"
« Les hommes d’autrefois respiraient profondément jusqu’aux talons », Tchouang Tseu

Les premiers taoïstes, qui affirmaient leur désir d’atteindre l’immortalité, ont mis au point des centaines de techniques de régénération interne. Ces pratiques millénaires n’ont pas bougé d’un pouce. Vivre dans le tao, à notre époque, revient encore à prendre conscience de l’énergie vitale qui est en soi et à la faire fructifier.
Aujourd’hui, les cours permettant de s’initier fourmillent. Mais n’oublions pas le défi essentiel sur lequel elles ont été conçues : chacun doit savoir se régénérer, et devenir ainsi de plus en plus autonome. A chacun son tao."

L'EXPRESS










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