vendredi 2 octobre 2015

Un mal chaque jour plus présent dans notre société

Paul-Claude Racamier l’a énoncé en 1986, en même temps que sa caractérisation de la perversion narcissique :
On ne naît pas pervers, on le devient.
La perversion narcissique est un apprentissage fait depuis l’enfance. D’une part, des mécanismes manipulatoires et d’autre part de la résolution externe des conflits internes. Avec le temps, cette déviance est devenue un mode de fonctionnement à part entière chez le pervers. Il s’est structuré de cette façon.
Le pervers narcissique n’a pas été reconnu comme personne, individu dans son enfance et a dû jouer le rôle de l’enfant parfait auprès de ses parents. Cependant, cette image de perfection était elle-même changeante dans les yeux des parents. Cela a poussé l’enfant à se créer des « masques » de personnalités qu’il a « mis en action » en lieu et place de ce qu’il était réellement. Ainsi, son vrai « moi » s’est perdu en chemin. C’est un peu comme s’il cherchait à se reconstituer à travers les narcissismes des autres, comme un miroir brisé. L’enfant a en plus subi de graves atteintes à son intégrité psychique, telles des humiliations, des maltraitances, de l’ignorance, des insultes, voire des abus sexuels. Tout ce qu’il inflige aujourd’hui à ses victimes lui a été infligé précédemment sauf qu’il a « choisi » (bien qu’il ne s’agisse pas d’un choix mais d’un mécanisme de survie) de nier la souffrance passée au lieu de la « regarder » en face, ce qui le guérirait. Les mécanismes psychiques sont extrêmement complexes et il faut lire les travaux de Paul Racamier pour saisir l’ampleur des « chocs » traumatiques infligés sur le long terme, qui donnent naissance à cette psychose sans symptômes apparents mais qui cause un nombre conséquent de dégâts.
L’enfant victime a en plus dû faire face à un climat dit incestuel, avec un inceste sans passage à l’acte génital mais une proximité inadéquate qui ne lui a pas permis de construire des limites entre le parent persécuteur et lui-même. C’est exactement ce schéma qu’il met en place avec ses victimes. Il tente d’abolir toute frontière entre la proie et lui afin d’envahir l’espace psychique de l’autre tout en maintenant cet autre à bonne distance et en le chosifiant.Derrière chaque pervers narcissique, se trouve au moins un parent souffrant lui-même de cette déviance. Il s’agit souvent de la mère. J’ai pu constater que de nombreux PN clament haut et fort leur amour pour leur mère mais à bien y regarder, il s’agit de ce que les personnes « standard » appellent plutôt une haine contenue.
Le pervers narcissique n’a pas appris à aimer, au sens commun du terme. Ce qu’on lui a montré comme étant de l’amour est en fait de la haine mais verbalisée comme de l’amour. Lorsqu’il dit « je t’aime » à une victime, c’est au mieux de l’indifférence, au pire de la haine.
Lorsqu’on observe bien les PN, ils agissent comme des enfants gâtés qui font du mal sans prendre la mesure des conséquences. Seul le résultat compte pour eux. Pour exemple, lors de disputes, ils ne voient que le résultat jugé négatif pour eux et aucunement la suite logique des événements qui ont conduit à la situation. Si leur compagne les quitte suite à une infidélité de leur part, c’est elle qui est mauvaise, eux n’ont rien fait.
Ce sont des personnes immatures, dont le développement émotionnel est resté bloqué dans l’enfance. Leur intelligence, elle, est bien adulte et capable de produire une souffrance calibrée au millimètre près pour la victime. Les pervers narcissiques ont une estime d’eux-mêmes très faibles et ont conscience d’être obligés de porter des masques pour être acceptés par autrui. Ils ne vivent que par l’imposture. Ils ne sont jamais ceux qu’ils prétendent être. « L’amour » que les victimes ressentent pour eux ne peut pas en être car elles ne connaissent pas leurs bourreaux, qui ne se connaissent d’ailleurs même pas eux-mêmes. Il s’agit d’addiction affective.
On peut pleurer sur l’enfant qu’ils ont été mais pas sur l’adulte qu’ils sont devenus.


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