mercredi 29 janvier 2014

Séquence la question des pères absents


Si la position maternelle est évidente et identique à elle-même depuis l’aube de l’humanité, permanente, indestructible – de l’ordre de la nature -, la position paternelle est beaucoup plus complexe, allant de l’absence totale du père (par désintérêt et indifférence ou rejet et négation) à la toute puissance de vie et de mort du père sur la totalité de la famille. 


Les pères n’imitent pas les mères dans leur parentalité, ils sont hommes et pères. 
L'amour du père a la particularité d'être étroitement lié aux réalisations de l'enfant. C'est à dire que l'enfant reconnait l'amour de son père en ce que celui-ci l'encourage, le complimente le reconnait dans sa singularité, dans ses réalisations. Et cette présence de l'amour "conditionné" aux réalisations est importante, car elle oeuvre en faveur du développement de la personnalité, elle incite au dépassement de soi, au respect de la hiérarchie. 

La présence du père et la reconnaissance de ses propres imperfections introduit le petit garçon dans le monde réel, et non pas dans celui de la perfection ou de la compétition, mais dans celui de la réalisation, de la tendresse, de l'empathie, de l'écoute et de la réalisation, de l'encouragement à faire du concret.

L'amour du père et donc sa présence émotionnelle, physique, psychique, introduisent le tiers symbolique, la loi. L'absence de père introduit l'absence de la loi. 

Qu'en est-il des enfants (filles/garçons) de père absent physiquement, psychiquement, émotionnellement?

Quelles sont les déficiences possibles sur le plan social, moral, sexuel ou cognitif?

La présence corporelle du père auprès du fils, rassure ce dernier et lui offre la possibilité d'aimer d'abord la mère et plus tard de désirer une femme plutôt que de la mépriser, de l'humilier ou de la redouter. Tenu par son apparence sexuée, il pourra ensuite s'identifier au père et cheminer vers la construction de sa place juste et de ses propres repères.

Si le père est absent de corps ou d'autorité (dans le sens de "loi"), il n'y a pas de transfert d'identification de la mère au père. L'absence du père induit de fait une influence accrue de la mère (du féminin), qui se retrouve chargée d'une responsabilité trop lourde et déséquilibré dans ses rapports éducatifs avec le petit garçon. 

Aujourd'hui, la société, la publicité, le marketing s'érigent en "tiers symboliques", dictant la loi et ce qui est bon ou non de faire, détruisant ainsi la place du père auprès des enfants. Encourageant et valorisant l'hyper féminisation des garçons, construisant un monde féminin, déséquilibré.

Dans leur identité sexuelle certains fils sont fragilisés par le silence, la distance, l'indifférence, l'absence des pères, leur violence ou sévérité, mais parfois aussi, parce qu'ils regardent vivre des pères malheureux, humiliés, incapables d'imposer leur loi, la loi du père, "le nom du père" (J.Lacan) que l'on pourrait entendre ainsi: "le non du père".
Loin de leur odeur, de leur regard complice, de leurs gestes affectueux, ils se retrouvent coupés de l'accès au corps du père. Dans l'esprit des petits garçons de pères absents, il n'est pas possible de toucher, de rire, de pleurer; d'humer, de sentir, de cajoler de s'offrir. Ils grandissent ainsi dans une situation génératrice de perturbations identitaires et sexuelles. Adultes, ils s'infligent une répression de leur propre sensualité et de leur corporalité.

Sao Doyen

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