Le détachement tant prôné par maître Eckhart est un moyen sûr, définit mais long de nous débarrasser de la peur et de toutes ses conséquences sur l'équilibre psycho-corporel. C'est un chemin long parce que le détachement fait appel à la notion d'"expérience de l'intime" et que l'intime est, "ce qui est profondément intérieur, contenu au plus profond de l'être, lié à son essence, secret, invisible, impénétrable".
Néanmoins, maître Eckhart, à l'instar de nombreux autres philosophes considérait le détachement comme une valeur supérieure englobant toutes les autres vertus. Détachés, nous n'aurions plus peur de perdre et nous serions en paix. Si nous pouvions ne plus avoir peur, le monde extérieur aurait moins de prise sur notre équilibre émotionnel.
"L'amour nous force à aller vers dieu, tandis que le détachement force dieu à venir vers nous".
Bien qu'indispensable pour nous débarrasser de la peur, le détachement reste un travail de longue haleine. Alors quel autre moyen immédiat avons-nous à notre disposition, de manière intarissable et permanente pour nous débarrasser de la peur?
Apprendre à se ressourcer en soi même en respirant profondément, c'est reconnaître et accepter qu'il y a en nous une force, une solidité que rien ni personne ne peut ébranler. Savoir respirer, prendre conscience de son souffle est une arme redoutable contre la peur, c'est une source intarissable de confiance en soi.
Prendre conscience de sa respiration dès que l'on sent en soi une angoisse.
Lorsque nous sommes atteints par une maladie, par une séparation, par une agression quelconque, c'est surtout la peur qui nous fait paniquer, et dans ces moments la pensée ne suffit pas et même très peu pour calmer les effets néfastes de la peur. "Notre tohu-bohu général ne peut pas être calmé par la pensée" dit la spiritualité orientale.
Faites un essai.
Exercice
Faites venir à votre conscience une situation de peur déjà vécue dans le passé, quelle que soit son origine ou sa nature, cela n'a pas d'importance.
Lorsque votre cœur commencera à s'accélérer et que vous sentirez les débuts de l'adrénaline parcourir votre corps, concentrez-vous sur votre respiration.
Ecoutez-la, entrez profondément en elle en faisant abstraction de tout le reste autour de vous.
Progressivement, votre être tout entier devient cette respiration. La peur ne disparaît pas forcément complètement mais elle se calme immédiatement, la place qu'elle prend en soi diminue.
Vous êtes entièrement pris par votre respiration, elle résonne en vous. Le son (ressemblant au bruit des vagues de la mer) prend tout l'espace de votre corps et de votre conscience. Vous n'êtes bientôt plus que ce son et le mouvement de votre ventre qui monte et descends (comme le ventre des petits bébés), paisible, constant, régulier, inébranlable.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire