Les
7 étapes du pardon
Faut-il
pardonner à ceux qui nous ont blessés ?
Le pardon
implique un cheminement intérieur long, difficile, dur à
parcourir.
A quoi sert-il ? Le pardon sert à se
libérer soi-même. S’il est difficile à accorder, lors d’actes
de blessure profonde, il est indispensable pour continuer sa vie
sereinement.
Le processus
progresse en partie à notre insu. Sa réussite dépend moins
de l’outrage subi que de la façon dont nous l’avons vécu.
Haine,
colère et frustration
La colère
est une demande de changement. «C’est un signal qu’il faut
écouter. Elle nous dit qu’on nous fait du mal, qu’on viole nos
droits, que nos besoins et nos désirs ne sont pas satisfaits, ou
tout simplement que quelque chose ne va pas», écrit Harriet Goldhor
Lerner, psychologue, dans Le pouvoir créateur de la colère (Le
Jour, 1994). La colère nous avertit que nous faisons face à un
problème émotionnel non résolu ou que nous investissons trop de
nous-même dans une relation. Elle peut aussi nous mettre en garde
contre le fait que quelque chose nous empêche de nous épanouir et
de parvenir à maturité. La colère est une
émotion simple qui traduit l'insatisfaction.
Elle est
vécue à l'égard de ce qu'on identifie, à tort ou à raison, comme étant
«responsable» de notre frustration. La colère
se différencie fondamentalement de la tristesse (qui elle aussi
traduit une frustration).
Dans la
tristesse, on est directement en contact avec le manque lui-même,
alors que la colère est une réaction à la cause de la frustration.
Selon
l'importance de l'insatisfaction, la colère prend différentes intensités:
La rage, par
exemple, est déclenchée en partie par l'impuissance à se
soustraire à la situation non désirée.
La révolte
est spécifique aux situations où on perçoit une injustice.
Plusieurs
émotions traduisant de la colère sont composites, comme le mépris,
la jalousie, le dépit, la rancune...
La colère
surgit lorsque l'équilibre est rompu dans un aspect de notre vie.
Le
déséquilibre prend la forme générale d'une insatisfaction.
La colère
porte un double message: elle signale à la fois l'insatisfaction et
ce que nous
considérons comme «l'obstacle» à notre bien-être. En effet, elle est toujours vécue à l'égard de quelqu'un ou de quelque
chose.
La colère
déclenche une mobilisation de l'organisme entier.
L'esprit
est concentré sur le problème (plus particulièrement sur l'obstacle).
Plusieurs
réactions physiologiques sont déclenchées et sont particulièrement
visibles lorsque la colère est intense. L'expression "la moutarde me
monte au nez" traduit bien la sensation physique que
produit le
début de cette mobilisation physiologique.
Comme
toutes les émotions, la colère est une saine manifestation d'insatisfaction.
La
frustration est un état mental caractérisé par un déséquilibre
entre une attente et sa réalisation.
Frustration
= accumulation d’incohérences
Rage =
irritation suite à un manque de patience et d’intolérance
Dégoût =
antipathie face à une situation
Écœurement
= fatigue suite à de vains efforts
Antipathie =
ne rejoint pas nos valeurs profondes
Déception =
désillusion
Attentes =
espoirs inachevés ou impossibilité d’atteindre nos objectifs
Les raisons
de la colère :
Un
écœurement
Un manque
d’écoute
Un manque de
communication
A la fois,
signal d'alarme et limite à respecter, elle
indique une
demande de changement
Une raison
profonde d’un mécontentement
Une
situation injuste
On abuse de
vous
Bouillonnement
en silence qui dure depuis trop longtemps
Un
manque flagrant de respect
Quelque
chose qui touche notre dignité
Tout
commence par des attentes non répondues
Questionnement
légitime se manifeste
Une
analyse trop rationnelle est provoquée
Un
jugement s’installe
Des
décisions non réfléchies sont posées
Incapable
d’accepter la situation l’ego s’en mêle
La
paranoïa s’installe
Les
bouleversements émotionnels se manifestent. Les
malaises, les inconforts et des maladies peuvent surgir
La
charge émotive est parfois trop difficile à guérir
On
ne pardonne pas et on se pardonne encore moins
Décider
de ne plus souffrir
Pour qu’il
y ait pardon il faut tout d’abord qu’il ait cessation de
l’offense, faute de quoi aucun processus de pardon ne peut
s’enclencher. Mais comment y mettre un terme ?
La
première étape consiste donc à décider de ne plus souffrir, à se
mettre hors de portée de la violence subie.
Par exemple
en mettant de la distance entre soi et le/la responsable de sa
douleur. Dans les cas particulièrement graves, lorsque notre
intégrité physique ou psychique est en jeu, la plainte déposée en
justice peut être le seul moyen de franchir cette première étape
et de mettre le coupable face à ses responsabilités.
« On ne
peut pardonner que ce que l’on peut punir » Simone Weil.
Reconnaître
que la faute existe
Inutile de
chercher à oublier l’offense. Le passé ne s’efface pas. Ce
mécanisme de défense enfouit la souffrance, la haine et la rancœur
quelque part dans l’inconscient, où leur force destructrice
continue d’opérer avec encore plus de violence. Reconnaître
l’agresseur comme coupable d’une faute, c’est d’abord une
nécessité pour soi, pour vivre.
Cela permet
de « retourner la culpabilité à l’agresseur et, ainsi, de
renouer un lien avec soi-même ». Cela pourra aussi nous éviter de
développer des maladies psychosomatiques, ou des conduites d’échecs
professionnels et affectifs à répétition.
Exprimer
sa colère
Pour
pardonner, la victime doit en vouloir à son « bourreau »,
c’est-à-dire reconnaître sa propre souffrance et accepter qu’elle
« sorte ». Agressivité, colère, voire haine sont utiles dans un
premier temps. Elles sont signe de bonne santé psychique, signe que
la victime n’est pas dans le déni et ne porte pas la faute de
l’agresseur sur elle. Comme l’explique Gabrielle Rubin, « la
haine est un sentiment très violent, que l’on ne peut pas faire
disparaître. Si l’on n’est pas capable de la retourner contre
son agresseur, on la dirige nécessairement contre soi », au risque
de déclencher un processus d’autodestruction.
Exprimer directement
sa colère, sa haine ou ses reproches à son agresseur est rarement
envisageable : le coupable peut ne pas se reconnaître comme tel, ou
exercer une emprise trop forte sur la victime pour qu’elle ose
l’affronter. Il est quand même possible de faire un travail de
détachement en soi : écrire dans un cahier tout ce qui nous anime,
s’ouvrir à une personne de confiance ou encore consulter un
psychothérapeute si la situation est trop douloureuse.
Cesser
de se sentir coupable
La plupart
des victimes se sentent paradoxalement coupables de ce qui leur est
arrivé.
Comprendre
celui qui nous a blessé
Le
philosophe P.Ricœur appelait ainsi à « ne pas limiter un homme
à ses actes, aussi monstrueux soient-ils ».
Haine et
ressentiment peuvent aider à survivre à une agression, mais à long
terme, ils nous détruisent.
Prendre son temps
Redevenir acteur de sa vie
Prendre son temps
Redevenir acteur de sa vie
Pour Nicole
Fabre, « pardonner, c’est s’agrandir, c’est laisser en soi la
place pour accueillir l’autre. Le vrai chemin de la libération,
c’est de franchir le pas qui permet d’aller au-delà du pardon ».
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