La procrastination – Peur d’échouer – Peur de réussir
Les personnes qui sont victimes de procrastination sont souvent confrontées à des troubles anxieux. La peur de mal faire opposé au désir de bien faire, et de ne pas arriver à établir un équilibre entre les deux, plonge dans une pré occupation qui fait penser aux ruminations et autres pensées obsessionnelles. Ce qui est le propre de la procrastination.
En matière de procrastination, il est souvent rabâché aux intéressés que tout est une question de volonté. Ce qui est une erreur fondamentale. Tout le monde peut avoir la volonté de réussir sa vie. Pour autant, entre vouloir et pouvoir, il y a une marge. Il y a tellement de critères qui rentrent en ligne de compte et qui font l’échec ou la réussite, qu’exprimer ces poncifs à propos de la procrastination est bien plus facile (un ange passe…).
Sur la foi d’objectifs de vie, chacun d’entre nous va se fixer des objectifs. C’est en les réalisant de façon progressive que l’on va tendre vers la réussite et enfin… réussir. Or, il arrive très souvent que les personnes qui souffrent de manque de confiance en soi commettent une erreur très classique.
Ils veulent en finir avant même d’avoir commencé ! Un peu comme s’ils envisageaient de gravir le Mont Blanc et qu’une fois au pied de celui-ci, ils lèvent la tête et, devant la taille du glacier, ils renoncent sans même avoir commencé. L’erreur est donc de regarder trop haut, trop vite. En renonçant à leur projet, alors qu’excités à l’idée de le satisfaire, ils ont, inconsciemment saboté leurs possibilités. Comme lorsqu'un publicitaire connu avait dit »: « Si t’as pas une Rolex à 40 ans, t’as raté ta vie » (pour la petite histoire, je n’ai pas de Rolex…).
A ce moment, ce que retiennent les gens ce n’est pas l’excitation de réussir mais la peur d’échouer. Partant, ils imaginent ce qui leur arrivera au terme de cet échec et focalisent leurs angoisses sur les conséquences d’un tel échec. J’ai nommé – encore – la procrastination. Ils essayent de lutter contre ce qui participent à aggraver le problème. Une fois n’est pas coutume, lutter contre la procrastination ou contre tout autre problème de comportement est le meilleur moyen de l’enrichir. Alors, comment faire pour combattre la procrastination?
Comment combattre la procrastination
En matière de procrastination, la première erreur à ne surtout pas commettre c’est de vouloir insister, de se forcer à faire des choses que, naturellement, vous n’arrivez pas à faire. Ainsi, puisque la procrastination relève d’une équation particulière (image de soi+désir+peur d’échouer+peur de réussir+confiance en soi+angoisses ou trouble anxieux) comme d’un problème lié à sa propre organisation mieux vaut agir de la façon suivante:
- Poser les bases d’une organisation au quotidien
- Le planning ne doit concerner que la semaine en cour
- Chaque W.E, faire le planning de la semaine suivante
- Quand vous n’arrivez pas à faire quelque chose, passez à la tâche d’après, conformément à votre planning hebdomadaire
- Ne cherchez pas la volonté de faire
- Laissez le désir de faire vous attraper
- Si une tâche n’est pas réalisée un matin (par exemple), essayez de vous y atteler l’après midi du même jour, voire le lendemain
Devant un problème de procrastination, l’intérêt n’est pas de se forcer pour y arriver. Plus vous réagirez de la sorte, moins vous y arriverez, plus vous prendrez le risque d’être victime d’angoisses, voire d’angoisse chronique et, par conséquent, de procrastination. En effet, à force de vouloir contrôler un problème comme la procrastination alors qu’il vous échappe, vous allez être confronté à des émotions qui vous faire émerger des symptômes d’angoisse ou d’anxiété.
Pour mettre fin à la procrastination, l’idée est plutôt d’essayer d’être inventif, stratégique. Par exemple, pourquoi ne pas arrêter de vous contraindre et plutôt essayer de créer une dynamique. Ainsi, en créant, petit à petit, une dynamique de réalisation, vous allez avancer de plus en plus et rejoindre la réussite. Cela vous permettra d’avoir de vous une image plus positive et de retrouver confiance en vous en régulant progressivement la procrastination.
A ce propos, je me souviens avoir reçu au cabinet, il y a quelques années, une jeune femme, étudiante en dernière année de médecine. Elle devait passer les ECN (concours classement utile) et, devant l’ampleur des connaissances à réviser comme devant celle de son épuisement, elle n’envisageait qu’une chose: un échec retentissant qui la placerait dans les toutes dernières places du classement.
J’ai essayé de comprendre ce qu’il se passait pour elle. Elle était effectivement très stressée et ce d’autant plus qu’elle cultivait d’elle un certain mépris. Elle n’avait de cesse d’exprimer qu’elle avait toujours passé ses partiels grâce aux rattrapages et que, de fait, par rapport à d’autres, elle était incompétente. Ses études de médecine lui sortaient par tous les pores de la peau. Elles ne les supportaient plus, comme elle ne supportait plus, non plus, l’ambiance souvent délétère qui régnait au sein des établissements hospitaliers dans lesquels elle faisait ses stages.
Elle avait tout le temps peur d’être interrogée et angoissait à l’idée de se tromper dans les réponses, ne sachant que trop combien certains chefs de services ou interne avaient de facilité à humilier les étudiants. Les intéressés se justifiant à ce propos en disant qu’ils avaient subi les mêmes humiliations…
Fortement angoissée à l’idée d’échouer au concours, cette jeune femme souffrait d’autant plus qu’elle n’arrivait plus à réviser. Elle avait au moins une vingtaine de matières à revoir et le temps et l’énergie lui manquaient. Là où cela s’est carrément compliqué, c’est lorsque je lui ai demandé quel était son problème en plus de celui lié à son angoisse. Et de m’expliquer que, chaque après-midi, au sortir de son stage, elle rentrait chez elle, déjeunait à peine, et s’installait à son bureau pour réviser.
Elle ne travaillait sans aucun plan, sans aucune organisation. Tout ce qui retenait son attention, c’étaient ces 20 matières à connaître. Elle débutait une première matière pour se rendre compte, très rapidement, de son incapacité à la mémoriser. Elle en attaquait une seconde pour, très rapidement aussi, se rendre compte de la même chose. Et ainsi de suite. Plus le temps passait, plus elle sentait comme une crise de panique l’envahir. Le plus généralement, elle finissait épuisée, en larmes, avec une seule idée vrillée dans son esprit: « Je vais me planter ». Ce qui relevait de pensées obsessionnelles et de ruminations.
Fondamentalement, ce futur médecin ne pouvait pas échouer. Ce qu’elle pouvait craindre de pire, c’était un classement qui ne lui soit pas favorable et la fasse exercer dans des compétences qui ne lui convenaient pas. En conséquence de quoi, cette jeune femme ne focalisait que sur 2 problèmes. Le premier, c’était les révisions. Le second, le problème du classement. L’un et l’autre généraient des angoisses terribles qui empêchaient toute objectivité et facilitaient la procrastination.
Car le vrai problème était bien celui là. Son incapacité à prendre de la distance, à objectiver donc, et à paramétrer ses objectifs et les moyens de leur réalisation. Elle souhaitait exercer la fonction de médecin généraliste. Or, en y regardant de plus près, nul n’était besoin qu’elle soit dans les 3000 premiers du classement national pour y satisfaire. Le fait d’être classée entre la 6000é et la 7000é place pouvait lui convenir. Elle le savait mais, tellement angoissée, elle avait oublié cette réalité. Seconde réalité, sa difficulté à accepter qu’elle ne pouvait engranger 20 matières sur un laps de temps aussi court.
Je lui ai donc demandé de sélectionner 5 matières qui soient celles avec lesquelles elle se sentait le plus à l’aise. J’ai argué du fait que, plantée pour plantée, autant qu’elle se fasse plaisir! Elle a suivi ma suggestion. Sestroubles anxieux ont commencé à décroître et cela lui a permis de travailler de façon plus efficace. Cela n’a pas empêché son stress à l’approche des trois jours de concours mais, au moins émotionnellement, elle était mieux armée.
En septembre dernier, cette jeune médecin m’a téléphoné pour m’informer qu’elle intégrait un hôpital à Paris, en qualité d’interne. Notre stratégie avait été la bonne. Elle avait réussi son concours et était bien classée. Elle avait mis à profit les mois d’été pour se reposer et réviser les matières à propos desquelles elle se sentait un peu juste. Elle avait pu, positivement, contrôler sa procrastination.
L’épuisement lié à ses conditions de travail en qualité d’étudiante en médecine (à ce propos, si vous saviez la façon dont l’état maltraite les étudiants en médecine, vous seriez choqués), augmenté de son stress issu des partiels et autres révisions, puis de l’image fragile qu’elle avait conçu d’elle au fil du temps, avaient participé à considérablement la fragiliser. Nous avions aussi pu identifier qu’au cours de ses études elle était très seule, très livrée à elle même. Ses parents finançaient ses études mais ne la soutenaient pas moralement et il en avait toujours été ainsi. Quand elle m’a téléphoné en septembre, je lui ai suggéré de consulter pour essayer de travailler sur sa confiance en elle. Je ne sais pas si elle l’a fait.
La stratégie que j’ai développé avec cette jeune femme est une stratégie parmi d’autres qu’il est tout à fait possible d’utiliser dans la plupart des cas de procrastination. Prochainement, j’essaierai de réaliser une série devidéos à ce propos pour vous aider à combattre la procrastination, pour vous offrir la possibilité de ne plus sombrer dans la procrastination ou alors… à temps choisi.
Je ne manquerais pas de vous tenir informés. Dans l’intervalle, nul n’est besoin de vous forcer. Essayez plutôt d’accepter la situation pour ce qu’elle est. Dans le cas contraire, contrôler votre procrastination c’est comme vous contraindre à embrasser quelqu’un qui vous dégoûte. Mieux vaut éviter, quels que soient les enjeux, et surseoir de façon adaptée jusqu’à trouver la personne qui vous inspire du… désir!
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire