mercredi 8 janvier 2014

Le récit visionnaire d'Avicenne "Le vivant fils du vigilant" traduit par Henri Corbin



Certaines fois que j'avais pris résidence en ma contrée, il m'arriva de sortir avec mes compagnons vers un des lieux d’agrément qui entourent cette contrée.
Or, tandis que nous allions et venions tournant en cercle, voici qu'au loin parut un sage, avancé en âge.  Il était beau, dans la fraîcheur de son éclat sa personne resplendissait d'une gloire divine. Il avait certes goûté aux années, longue durée était passé sur lui, cependant on ne voyait en lui que la fraîcheur qui est propre aux jouvenceaux, aucune faiblesse ne courbait son maintient, nul défaut n'altérait la grâce de sa stature, bref, aucun signe de vieillesse ne se décelait en lui, hormis la gravité imposante des vieux sages.

Lorsque je vis ce sage, j'éprouvais le désir d'avoir commerce avec lui.
Du plus profond de moi-même se leva l’exigence d'entrer dans son intimité et d'avoir familièrement accès auprès de lui.
Nombreux alternèrent nos propos jusqu'à ce que l'entretien nous conduisit jusqu'au point ou je l'interrogeais sur tout ce qui concernait sa personne. Je voulus apprendre de lui quel était son mode de vie, sa profession, son nom, son lignage, son pays...
Alors il me dit: mon nom est vivant, mon lignage fils du vigilant, quant à ma patrie, c'est la Jérusalem céleste. Ma profession est d'être toujours en voyage, faire le tour de l'univers au point d'en connaitre toutes les conditions. Mon visage est tourné vers mon père, et mon père est: Vigilant.

J'ai appris de lui toute science, les clés de toutes les connaissances m'ont été données par lui, vers les extrêmes plages de l'univers, c'est lui qui m'a montré les chemins qui sont à parcourir, de sorte que par mon voyage, en embrassant le tour c'est comme si tous les horizons de tous les climats se retrouvaient rassemblés devant moi.


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