L’équilibre d’un couple passe-t-il par une meilleure connaissance de soi ?
Interview de M.F. Hirigoyen
Après des études de médecine (doctorat en 1978) et d’ethnopsychiatrie à Bordeaux, puis une spécialisation en psychiatrie, Marie-France Hirigoyen exerce en libéral comme psychiatre, psychanalyste, thérapeute familial systémique.Victimologue, elle est diplômée en 1994 de The American University, Washington D.C.
MFH est également à l'origine de la loi qui condamne aujourd'hui le harcèlement et la maltraitance à l'intérieur du couple comme au travail.
Personnellement, je pense qu’il faut d’abord s’épanouir personnellement pour pouvoir s’épanouir à l’intérieur du couple. Je ne pense pas que ce soit le couple qui vienne régler les choses. J’entends parfois des patients qui sont seuls et qui me disent : « Je cherche quelqu’un pour aller mieux. » Moi je crois qu’il faut d’abord passer par une connaissance de soi, passer par une démarche personnelle qui permet de savoir qui on est, pour pouvoir ne pas projeter ses difficultés, sa névrose, ses angoisses sur l’autre, mais au contraire construire avec l’autre et donc pouvoir avancer, créer réellement un couple qui tienne.
Comment apprendre à se connaître soi-même ?
L’enseignement actuellement pour les jeunes est très axé sur l’accumulation de connaissances. Je trouve qu’on n’apprend pas suffisamment à développer son esprit critique, à se remettre en question, à connaître ces limites c’est-à-dire : " Est-ce que telle position, tel comportement de l’autre, est-ce que ça me convient ? Qu’est-ce que je veux ? Où je veux aller ? À quel moment mon comportement à moi peut déranger les autres ?
Tout ce questionnement, je crois que c’est ce qui nous permet d’avancer. Or on est à une époque où on ne veut pas de doutes, on est dans un monde où il faut avoir des certitudes : on vous apprend partout, on vous dit ce que ça doit être. Or moi je pense que c’est extrêmement important de douter, mais les jeunes on doit les accompagner dans leurs doutes. On doit les aider à se poser des questions, à avoir des réponses qui ne sont que des réponses partielles, ponctuelles, qu’on va remettre en question à nouveau, ce n’est jamais acquis. Mais ça, c’est je pense tout à fait le contraire de l’enseignement actuel.
Alors bien sûr on peut avoir des démarches — des psychothérapies —, des démarches qui peuvent amener à se questionner, mais même là je trouve qu’on va vers quelque chose qui est une réponse absolument à tout. Maintenant on ne va pas faire une psychanalyse ou une psychothérapie, on va chercher un coach : coach qui vous dit ce qu’il faut faire, coach qui vous enseigne la meilleure façon de… ; alors vous avez des coachs pour tout maintenant, c’est très simple. C’est-à-dire des gens qui vous disent, qui vous donnent des clés, et du coup vous n’apprenez pas à savoir votre propre démarche, ce qui vous convient à vous, vous retombez dans des normes, dans des choses toutes faites.
De la même façon on n’apprend pas un questionnement lent, je dirais, mais il faut aller vite, c’est du fast… ; je ne sais pas, il faut aller vite pour tout. Et ça, ça me paraît vraiment difficile pour les jeunes, pour qu’ils sachent un petit peu ce qu’ils veulent, d’autant qu’ils arrivent dans un monde impitoyable, dans un monde incertain parce que c’est difficile de trouver du travail, ils peuvent se retrouver au chômage. C’est un monde que je trouve très inquiétant. Et si on ne leur apprend pas à se questionner vraiment, à se remettre en question en permanence, alors à ce moment-là, ça va être vraiment difficile.
Tout ce questionnement, je crois que c’est ce qui nous permet d’avancer. Or on est à une époque où on ne veut pas de doutes, on est dans un monde où il faut avoir des certitudes : on vous apprend partout, on vous dit ce que ça doit être. Or moi je pense que c’est extrêmement important de douter, mais les jeunes on doit les accompagner dans leurs doutes. On doit les aider à se poser des questions, à avoir des réponses qui ne sont que des réponses partielles, ponctuelles, qu’on va remettre en question à nouveau, ce n’est jamais acquis. Mais ça, c’est je pense tout à fait le contraire de l’enseignement actuel.
Alors bien sûr on peut avoir des démarches — des psychothérapies —, des démarches qui peuvent amener à se questionner, mais même là je trouve qu’on va vers quelque chose qui est une réponse absolument à tout. Maintenant on ne va pas faire une psychanalyse ou une psychothérapie, on va chercher un coach : coach qui vous dit ce qu’il faut faire, coach qui vous enseigne la meilleure façon de… ; alors vous avez des coachs pour tout maintenant, c’est très simple. C’est-à-dire des gens qui vous disent, qui vous donnent des clés, et du coup vous n’apprenez pas à savoir votre propre démarche, ce qui vous convient à vous, vous retombez dans des normes, dans des choses toutes faites.
De la même façon on n’apprend pas un questionnement lent, je dirais, mais il faut aller vite, c’est du fast… ; je ne sais pas, il faut aller vite pour tout. Et ça, ça me paraît vraiment difficile pour les jeunes, pour qu’ils sachent un petit peu ce qu’ils veulent, d’autant qu’ils arrivent dans un monde impitoyable, dans un monde incertain parce que c’est difficile de trouver du travail, ils peuvent se retrouver au chômage. C’est un monde que je trouve très inquiétant. Et si on ne leur apprend pas à se questionner vraiment, à se remettre en question en permanence, alors à ce moment-là, ça va être vraiment difficile.
Entretien réalisé le 28 janvier 2011
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