Ce mois-ci nous avons le plaisir de vous présenter Maria Sao Doyen !
Bonjour Maria. Tout d’abord, merci pour votre disponibilité.
Je vous en prie Stéphane, c’est un réel plaisir
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots et nous expliquer en quoi consiste votre métier ?
Je m’appelle Maria Sao Doyen, je suis thérapeute à Taverny dans le Val d’Oise. « Je suis thérapeute », cela veut dire que j’utilise des techniques ou des outils qui permettent d’améliorer l’état psychique, émotionnel et/ou physique des personnes en souffrance. Ces techniques sont la Sophrologie (qui cherche l’harmonie et donc l’apaisement du corps et de l’esprit), l’hypnose clinique (qui n’a rien à voir avec l’hypnose de spectacle), et qui à travers une modification de l’état de conscience de l’individu, permet un dialogue avec son inconscient. Ce dialogue va permettre de réparer des croyances erronées, des visions du monde handicapantes, une vision de soi qui enchaîne, qui freine le développement etc), l’EFT ou « tapping » qui à travers l’activation de certains points d’acupuncture va permettre d’envoyer des messages au cerveau. Ces messages qui respectent une structure de phrase particulière œuvrent en faveur de la libération des émotions. J’initie également les personnes à la méditation Zazen à laquelle j’ai moi-même été initiée et que je pratique depuis trente ans. Ma pratique de l’assistance aux personnes a commencé en 2000 auprès des femmes immigrées à Gennevilliers, au sein de l’association « Femmes Relais »; cela fait donc 15 ans que j’exerce.
Qu’est ce qui vous a donné envie d’exercer votre métier ?
Je suis issue d’une lignée de thérapeutes. ma grand-mère était guérisseuse, mes tantes et cousines sont infirmières, cadres hospitaliers, sages femmes etc. La thérapie a toujours fait partie de mon environnement, j’ai été élevée par ma grand-mère et toute la journée, je voyais des gens défiler dans la maison pour différentes raisons. Mais le déclic est venu lorsque je suis devenue travailleuse social bénévole pour les Restos du cœur. pendant huit ans, j’ai fait de l’assistance aux gens de la rue. Je me suis intéressée de près à l’humain, j’ai voulu comprendre ce qui poussait ainsi certaines personnes dans la rue, dans la désespérance. J’ai décidé de reprendre mes études et me suis réinscrite à la Fac. J’ai commencé par me former à la« psychopathologie de la petite enfance et de l'adolescence » à Paris 7, Puis j'ai été stagiaire à l'hôpital R. Dubos à Pontoise au Centre Médico Psychologique pendant trois ans. Enfin je me suis formée à la Psychanalyse à l'Association Lacanienne Internationale (l'ALI, puis à l'EPHEP
Qu’est-ce que votre métier vous a apporté d’un point de vue personnel ?
C’est un métier humainement gratifiant. La thérapie est une alliance passée entre deux personnes, le thérapeute et le « patient » (qui n’est pas forcément malade d’ailleurs). Alliance, cela veut dire collaboration honnête et sincère. Tout ce contre quoi notre société nous construit hélas. C’est tout le contraire de l’individualisme.
Je m’engage à donner à la personne ce que je sais et mon expérience pour qu’elle aille mieux. En contrepartie, elle s’engage à « travailler » c’est à dire à faire les exercices que je lui donne. Si la personne respecte son engagement elle cesse progressivement de souffrir, se découvre, s’accepte, commence à s’aimer et revit peu à peu. Pour ma part, je cherche l’exercice le mieux adapté à la difficulté, et souvent en cherchant je découvre d’autres techniques, d’autres pratiques, d’autres croyances qui me font grandir un peu plus.
Avez-vous ressenti certaines obligations, contraintes ou difficultés lorsque vous avez débuté votre métier ? Si oui, lesquelles ?
Oui, bien sûr. Lorsqu’on embrasse le métier de thérapeute on s’expose à rencontrer face à soi sa propre enfance, ses propres souffrances. C’est pour cela qu’une analyse approfondie est indispensable, mais cela ne suffit pas. Ainsi, j’ai été stagiaire pendant trois ans en Centre Médico-Psychologique de l’hôpital de Pontoise. A chaque fois qu’un enfant rentrait pour sa cure, c’était une lutte pour ne pas m’endormir. Pendant six mois c’était un véritable combat: l’enfant rentrait dans le cabinet et le sommeil me prenait, la séance se terminait et j’étais en pleine forme, ça veut tout dire … c’est ainsi.
Quel(s) conseil(s) pourriez-vous donner aux personnes qui souhaitent exercer votre métier ?
La question première est « pour quoi »? « Pour quoi je souhaite faire ce métier »? Si la réponse est: « parce que je veux aider les autres »… reposez-vous à nouveau la question. Ensuite et seulement ensuite, commencez par vous former. Michel Heller dit la chose suivante: « il faut utiliser tout ce qui est à notre portée (à notre portée) dès lors que cela permet d’aller mieux, de moins souffrir ». Ce principe permet d’échapper aux querelles de chapelle. La Sophrologie est aussi bien que la thérapie comportementale, que l’hypnose, que la Gestalt… toutes ont quelque chose à apporter à l’humain. Mais bien sur une fois instruit sur quelques-unes, il faut en choisir une ou un petit nombre sur lesquelles on se spécialisera. Une chose est sûre: à la base de toutes thérapies il y a la nécessité d’une psychanalyse, sans quoi on ne fait que faire disparaître le symptôme.
« J’APPRENDS, JE GRANDIS EN MÊME TEMPS QUE J’ACCOMPAGNE L’AUTRE DANS SON PROPRE DÉVELOPPEMENT »
Pourriez-vous nous dire quelles sont vos 2 sources de motivation principales, celles qui vous font le plus vibrer dans l’exercice de votre métier ?
J’apprends, je grandis en même temps que j’accompagne l’autre dans son propre développement. Je passe des heures à lire, à m’instruire car la sophrologie comme l’hypnose sont en constant développement. Pour accompagner l’autre dans son développement, je dois être consciente de ce qui se passe pendant la cure, en lui, en moi, cela m’impose l’attention donc l’amour. Devenir conscient de manière constante est un travail de chaque instant, difficile, pénible et la vie nous rappelle à l’ordre à chaque instant.
Avez-vous envisagé ou envisagez-vous d’arrêter de pratiquer votre métier ?
Tout est impermanence. C’est la seule chose qui ne change jamais. Je ne sais pas de quoi demain sera fait. J’essaierai d’accepter au mieux ce que la vie m’apportera.
Quelle est l’anecdote la plus marquante, l’ expérience la plus extraordinaire que vous ayez vécue à travers la pratique de ce métier ?
Un jeune homme est venu me voir car depuis l’âge de cinq ans jusqu’à ses dix-huit ans il a perdu régulièrement un membre de sa famille. Son père à cinq ans d’un accident cardiaque, sa mère à sept ans d’un accident de voiture, sa tante qui l’avait pris en charge à onze ans d’un cancer, recueillit par sa grand-mère, il la perd à dix-huit ans. Il me dit: « j’ai hérité de tous les membres de ma famille mais je suis seul, » je suis amoureux, mais si je sors avec elle, elle mourra ».
Changer cette croyance a été une véritable gageure.
Souhaitez vous rajouter quelque chose ? Ou transmettre un message particulier à nos lecteurs ?
Oui. Que l’on soit en thérapie, en développement personnel, en quête d’éveil il y a une question essentielle à laquelle tout individu doit se soumettre. « Qui je suis? » (Ramana Maharshi).
C’est le début de toute thérapie. La réponse vient du processus d’apprentissage sans lequel il n’y pas de sérénité. Parfois les rencontres nous y aident.
Il faut croire aux rencontres. A l’un des moments les plus sombres de mon existence, j’ai rencontré quelqu’un qui m’a donné la main.
Une personne, une rencontre a été essentielle et déterminante dans mon parcours: celle de
Madame Anne Auber, psychologue, psychanalyste, professeur d’université émérite. Elle a cru en moi et en mon désir de devenir psychothérapeute. « Vous voulez devenir psychothérapeute, je vais vous aider », et elle l’a fait.
Maria, je vous remercie pour ce moment et je vous dis à très bientôt pour le prochain événement Bio-ozone dont nous reparlerons ici même …
Oui. A tout bientôt, et merci.